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Critique de Apoapo


Ce livre, qui a peut-être été conçu pour un lectorat d'adolescentes, est une mise au point simple et efficace des problématiques liées aux études de genre en France, tendant à montrer par quels biais, dès le plus jeune âge, une éducation différentielle entre garçons et filles provoquera ensuite une somme impressionnante d'inégalités sexuées.
Il commence par une série de six témoignages menés de façon semi-directive (selon l'inégale aptitude au discours des interviewées, qui ont entre 14 et 54 ans et des profils sociaux très variés), visant à leur faire prendre conscience (ainsi qu'au lectorat) d'instances discriminatoires mineures, quotidiennes et presque inaperçues - ex. le droit de sortir avec les copains le soir qui diffère selon les genres. Souvent les entretiens ont commencé par la question : "Êtes-vous contente d'être une fille ?" ou similaires.
S'ensuit un dossier qui systématise la question de la "création du genre" [je suis persuadé à présent que l'on ne peut pas parler d'une "théorie du genre" en France, mais de plusieurs créneaux de recherche en "études de genre", n'en déplaise à certains manifestants récents...], selon une progression quasi chronologique dans la vie d'une enfant-fille-femme : à partir des réponses des neurosciences aux questions "biologiques différentialistes" (cérébrales, d'instinct, d'hormones, génétiques) ; puis sur la "fabrique familiale des filles" (dès la perception sexuée du bébé - exemple très saisissant : photo d'un bébé qui pleure - si c'est un garçon on l'interprète comme un signe de colère, si c'est une fille comme un signe de peur (p. 87-88)) ; la "fabrique médiatique des filles" ; la "fabrique scolaire..." - où, très étrangement pour moi, l'on avance avec insistance l'idée que les filles auraient intérêt à revenir à une scolarité non-mixte, au moins dans certaines disciplines, notamment scientifiques ; "la fabrique professionnelle", où les inégalités sont les plus connues du grand public ; "la fabrique politique", sur les inégalités de représentation ; "la fabrique sociale" comportant la question des violences et celle des religions.
Enfin, on atteint la troisième partie, la plus intéressante, comprenant quatre longs entretiens : avec l'anthropologue Catherine Monnot, auteure d'une étude sur l'apprentissage de la féminité chez les préadolescentes de 9-11 ans ; avec l'historienne Christine Bard, spécialiste d'histoire contemporaine des femmes et du féminisme ; avec la sociologue Marie Duru-Bellat, spécialiste des politiques éducatives et des inégalités sociales ; avec la grande Françoise Héritier qui clôt avec sa synthèse très connue sur le système de valeurs renfermées dans l'opposition Masculin/Féminin.
Inutile de préciser que cette dernière partie est celle qui permet d'approfondir et d'ouvrir la réflexion lorsque l'on n'est pas complètement profane, la précédente étant une synthèse succincte et didactique et la première juste une mise en appétit pour un public débutant.
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