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Critique de kuroineko


Le court récit Je veux devenir moine zen (Chônan no shukke en version originale) est paru au Japon en 1988. Cette même année, son auteur Miura Kiyohiro a remporté grâce à lui le prix Akutagawa, un des prix littéraire des plus prestigieux de l'archipel, que l'on compare souvent au Goncourt français.
C'est grâce à la traduction par Elisabeth Setsugu et la publication par les excellentes éditions Picquier que j'ai pu découvrir le temps de ces quelques 130 pages les impératifs qui s'imposent à qui veut devenir moine zen et, aussi, à ses parents.
Ici c'est le père du jeune Ryôta qui raconte. Alors que lui-même a vécu huit ans aux États-Unis, qu'il a pas mal couru les filles, après son mariage et la naissance de son aîné, il se met à la pratique du zazen, la méditation assise dans le bouddhisme zen, dans un temple dirigé par une abbesse hors du commun, tel qu'il nous la présente. Son fils l'accompagne à partir de sa primaire, même s'il ne pratique pas. Pourtant alors qu'il n'a que huit ans, le garçon déclare qu'il veut devenir moine zen. Sourire amusé du père, bien sûr, les enfants changent d'avis si souvent.
Mais cette idée persiste au fil des années et l'abbesse l'encourage. Adolescent, il débute sa formation, dans un collège bouddhiste et dans le temple où l'abbesse devient son maître d'apprentissage.

Si celui-ci se révèle astreignant pour le jeune disciple, encore enfant mais qui s'y soumet de bonne grâce, ses parents prennent pleinement conscience de tous les changements que cette vocation implique. C'est perdre en quelque sorte leur enfant qui doit progresser sur le chemin de l'ascèse et du Bouddha.
C'est tout l'intérêt du récit de Miura Kiyohiro que de montrer les doutes paternels, les interrogations, les déchirures intimes en même temps que la fierté de voir son fils suivre une voie qu'il a choisie. Cela renvoie aussi le père à lui-même, à ses propres errements et à ce qui importe dans son existence.
Si la vie de moine zen induit des renoncements énormes de la part du disciple, ils sont tout aussi terribles pour la famille proche. Généralement les apprentis sont fils de bonze et doivent pouvoir reprendre le temple paternel. Or Ryôta est issu d'une famille laïque. La coupure n'en est que plus grande et conséquente.

La quatrième de couverture indique que ce roman est largement autobiographique. En tout cas, une lecture très enrichissante qui questionne sur la famille, la parentalité et les choix de vie particuliers.
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