AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de madameduberry


Des les premières pages, submergé par le défilement des noms, des lieux, des dates, arrière fond de vies instables et dangereuses, le lecteur comprend ce qu'a pu subir et ressentir l'enfant puis l'adolescent Patrick Modiano, trimballé de lieu en lieu comme une valise tantôt coûteuse, tantôt défraîchie en fonction de la bonne ou mauvaise fortune du Père ou de la Mère. Sans tendresse ni attention pour leurs deux fils, l' un et l'autre s'efforcent avant tout de percer dans leur domaine respectif: les affaires généralement louches du père entouré de prête-noms, de relations borderline entre la légalité et le commerce souterrain, toujours dans des salons de palaces pour les rendez-vous et dans des appartements délabrés pour la non -vie de famille...Les absences répétées de la mère toujours en tournée pour jouer dans des spectacles lointains et à ses retours obligeant son fils aîné à mendier et/ou exiger des subsides du Père pour pouvoir acheter le nécessaire pour la survie d'une famille. Ce scénario désespérant se répétant puisque les parents, séparés, ne côtoyaient que par intermittence les deux garçons, alors confiés à droite et à gauche, petites valises consignées, privées de leur enfance et plus largement de leur vie, ainsi que l'énonce Modiano . Ce constat glaçant devient, malheureusement définitif pour Rudy le cadet, qui disparaît encore enfant foudroyé par une leucémie. La solitude est alors insupportable pour l'aîné qui cherche par tout moyen à exister, à travers des vols de subsistance, des fugues pour échapper aux horribles pensionnats où il est relégué, afin de se libérer de cette vie de chien, moitié en chenil, moitié sans collier, sans pedigree, sinon à travers la découverte de la création par l'écriture. Prix Nobel de Littérature , après un pedigree, un couronnement. Ce mémorial d'une enfance empêchée de vivre vient, comme un point de capiton, amarrer toute une oeuvre obsédée par la place du souvenir du passé , la précision de rapport de police des noms, dates et lieux remplaçant l'humus des souvenirs oubliés dans lequel tout être humain peut ordinairement s'enraciner...
Commenter  J’apprécie          192



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}