Le "voile obligatoire" est la source principale de domination et de répression dans la société visant à maintenir et à perpétuer un gouvernement religieux autoritaire.
Personne n'entendait alors les histoires et les voix des mères endeuillées en quête de justice des années 1980, une décennie d'exécutions, de tortures, de viols et d'agressions dans les cellules et les prisons dont l'actuel président de la république islamique d'iran, Ebrahim Raisi, était l'un des instigateurs et des bourreaux. Parce que la tyrannie, sous le couvert de "religion", faisait régner sur l'Iran, l'oppression, la domination, la pauvreté généralisée et la misère débridée.
Ce qui ne tue pas rend plus fort.
Être dans une cellule d'isolement, c'est comme vivre dans une boîte de conserve.
Je n'avais plus l'impression d'être un être humain normal.
La victoire n'est pas facile, mais elle est certaine.
« Et les mères de Gaza, ne sont-elles pas des mères ? »
Lors de mes interrogatoires, il m’arrivait de dire qu’Ali et Kiana me manquaient beaucoup. Un jour ils m’ont fait descendre de deux étages par le monte-charge. « Le maître est là ! » dit l’interrogateur. J’ai pénétré une pièce où étaient installés des caméras et des projecteurs. Je n’ai pas caché mon étonnement. Un homme de grande taille, dans la fleur de l’âge, en costume de ville, s’y trouvait. Si je l’avais rencontré ailleurs, je n’aurais jamais soupçonné son métier. Je crois qu’il méritait vraiment le titre de « maître » en la matière. Son visage était figé et sans expression. Lorsque je lui ai dit que j’étais une mère et que mes enfants se trouvaient en bas âge, il m’a rétorqué sèchement : « Et les mères de Gaza, ne sont-elles pas des mères ? » Cette réponse m’a fait comprendre qu’il était endoctriné et qu’il serait inutile de discuter avec lui.
Un jour, j’ai eu droit à une orange. Je me suis arrangée à la consommer quartier par quartier, pour la faire durer le plus longtemps possible. Je l’ai épluchée d’une seule traite, à l’instar du globe terrestre. Kiana signifie l’essence de la nature, et cette orange évoquait pour moi l’essence de la vie. Je la faisais tourner et priais pour ma petite Kiana qui venait d’être opérée.
Dès mon arrivée, j’étais choquée par ce comportement éhonté ainsi que par la grossièreté et l’impudence de ces gardiennes. Elles l’exprimaient sans honte et s’en vantaient ensuite avec fierté comme s’il s’agissait d’une prouesse remarquable. Elles m’ont remis un ensemble synthétique composé d’un manteau et d’un pantalon de couleur bleu marine. Je l’ai refusé en rétorquant que j’exigeais des vêtements confortables. « Tu n’as pas le choix », m’ont-elles répondu en y ajoutant un foulard noir aux fleurs blanches, un bandeau pour les yeux et un tchador. Une fois habillée de ces nippes, j’ai été emmenée directement à l’interrogatoire.