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Critique de Luxi
Voilà une très jolie surprise que ce thriller jeunesse.
L'histoire démarre à toute allure : nous sommes immédiatement jetés près de Thomas Handle, 15 ans, terrorisé dans une cabane en bois. L'atmosphère est posée : nous infiltrons un drame choquant, glaçant et à première vue arbitraire. En effet, dès les premières pages un meurtre effroyable a lieu, orchestré par deux tueurs déguisés en policiers. Seul Thomas réussit à s'échapper mais dès lors se retrouve traqué. Cette traque va durer de longs jours au cours desquels l'adolescent va devoir redoubler d'inventivité et de précaution pour ne pas se faire harponner.
Les questions s'agitent dans l'esprit de Thomas comme dans celui du lecteur : pourquoi ce meurtre atroce ? Pourquoi Thomas est-il recherché ? Est-ce dû à ce… fameux "don" qu'il possède ?
Il m'est difficile d'écrire cette chronique parce que c'est un roman dans lequel rien ne peut être dévoilé au risque de tout gâcher. Mais j'ai aimé l'intrusion du fantastique et cette sensation d'urgence qui suinte tout le long du roman, qui vous empêche de reprendre votre respiration et vous fait tourner les pages avec frénésie, angoisse et magnétisme. Je l'ai lu en une seule fois et jusque tard dans la nuit parce qu'il est vraiment addictif, il sonne juste, il percute.
C'est prenant – je dirais même : haletant –, c'est inquiétant et souvent révoltant. Mais il y a de beaux éclats de lumière dans cette opacité, il y a des sourires aussi, des gens qui s'attachent alors que tout les sépare, des personnalités qui se révèlent dans la grâce comme dans la laideur et des âmes fanées qui revivent…
Les personnages m'ont beaucoup plu parce qu'ils ne sonnent pas comme des coquilles vides et que l'auteur a vraiment réussi à leur donner chair : je me suis autant attachée à Tim Duncan, le policier à la droiture superbe, gobeur de macarons pour combler des coins de sa tristesse, qu'à Saul Bringham, l'ancien flic abîmé au corps brisé mais au coeur pur et à l'esprit vif. Certains pensionnaires de la maison de repos que l'on visite auprès de Thomas sont extrêmement touchants et attachants.
Thomas, quant à lui, est un adolescent que j'ai trouvé très solide pour son âge, très fort dans sa capacité à endurer ce qui lui arrive. Ne sachant plus à qui se fier ni à qui accorder un soupçon de sa confiance, il rôde d'un endroit à l'autre dans l'angoisse permanente d'être repéré et capturé. Garçon solitaire que les nombreux déménagements ont rendu plus méfiant encore, il est doté d'une grande capacité d'adaptation, d'une intelligence très fine et d'un profond courage. Sa fuite donne de la vitesse au roman et amplifie le rythme électrisé du scénario.
David Moitet aborde des sujets aussi variés qu'essentiels sur le handicap, la confiance que l'on place en l'autre, la culpabilité entêtante, les rivalités secrètes ou l'intégrité. Mais la véritable thématique du roman est plus sombre, plus délicate, et questionne l'éthique et la morale personnelle. Je ne peux rien révéler de plus mais c'est à la fois dérangeant et impressionnant. Si au départ on navigue un peu sur des eaux nébuleuses et obscures, peu à peu les pièces du puzzle s'enchevêtrent et on ouvre de grands yeux emplis d'émotion et de désarroi : les révélations sont habilement distillées tout au long du livre et le dénouement est impeccable.
Même si l'on fait très rapidement quelques liens dans l'intrigue, je n'ai pour ma part pas vu venir l'issue parce que je lis peu de thrillers et que j'aime me laisser porter par l'histoire. Alors j'ai adoré ce beau final, aussi indignant qu'émouvant. C'est un roman sur la différence, aussi bien embarrassante que prodigieuse, et sur l'importance des racines pour donner un sens à sa vie. C'est un roman sur la difficulté à être soi-même dans un monde infecté par l'individualisme et la cupidité, et à rester conforme à ses valeurs les plus admirables.
C'est le tout premier roman que je lis de David Moitet mais certainement pas le dernier. Un grand merci à NetGalley et aux éditions Didier Jeunesse pour cette belle découverte.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
L'histoire démarre à toute allure : nous sommes immédiatement jetés près de Thomas Handle, 15 ans, terrorisé dans une cabane en bois. L'atmosphère est posée : nous infiltrons un drame choquant, glaçant et à première vue arbitraire. En effet, dès les premières pages un meurtre effroyable a lieu, orchestré par deux tueurs déguisés en policiers. Seul Thomas réussit à s'échapper mais dès lors se retrouve traqué. Cette traque va durer de longs jours au cours desquels l'adolescent va devoir redoubler d'inventivité et de précaution pour ne pas se faire harponner.
Les questions s'agitent dans l'esprit de Thomas comme dans celui du lecteur : pourquoi ce meurtre atroce ? Pourquoi Thomas est-il recherché ? Est-ce dû à ce… fameux "don" qu'il possède ?
Il m'est difficile d'écrire cette chronique parce que c'est un roman dans lequel rien ne peut être dévoilé au risque de tout gâcher. Mais j'ai aimé l'intrusion du fantastique et cette sensation d'urgence qui suinte tout le long du roman, qui vous empêche de reprendre votre respiration et vous fait tourner les pages avec frénésie, angoisse et magnétisme. Je l'ai lu en une seule fois et jusque tard dans la nuit parce qu'il est vraiment addictif, il sonne juste, il percute.
C'est prenant – je dirais même : haletant –, c'est inquiétant et souvent révoltant. Mais il y a de beaux éclats de lumière dans cette opacité, il y a des sourires aussi, des gens qui s'attachent alors que tout les sépare, des personnalités qui se révèlent dans la grâce comme dans la laideur et des âmes fanées qui revivent…
Les personnages m'ont beaucoup plu parce qu'ils ne sonnent pas comme des coquilles vides et que l'auteur a vraiment réussi à leur donner chair : je me suis autant attachée à Tim Duncan, le policier à la droiture superbe, gobeur de macarons pour combler des coins de sa tristesse, qu'à Saul Bringham, l'ancien flic abîmé au corps brisé mais au coeur pur et à l'esprit vif. Certains pensionnaires de la maison de repos que l'on visite auprès de Thomas sont extrêmement touchants et attachants.
Thomas, quant à lui, est un adolescent que j'ai trouvé très solide pour son âge, très fort dans sa capacité à endurer ce qui lui arrive. Ne sachant plus à qui se fier ni à qui accorder un soupçon de sa confiance, il rôde d'un endroit à l'autre dans l'angoisse permanente d'être repéré et capturé. Garçon solitaire que les nombreux déménagements ont rendu plus méfiant encore, il est doté d'une grande capacité d'adaptation, d'une intelligence très fine et d'un profond courage. Sa fuite donne de la vitesse au roman et amplifie le rythme électrisé du scénario.
David Moitet aborde des sujets aussi variés qu'essentiels sur le handicap, la confiance que l'on place en l'autre, la culpabilité entêtante, les rivalités secrètes ou l'intégrité. Mais la véritable thématique du roman est plus sombre, plus délicate, et questionne l'éthique et la morale personnelle. Je ne peux rien révéler de plus mais c'est à la fois dérangeant et impressionnant. Si au départ on navigue un peu sur des eaux nébuleuses et obscures, peu à peu les pièces du puzzle s'enchevêtrent et on ouvre de grands yeux emplis d'émotion et de désarroi : les révélations sont habilement distillées tout au long du livre et le dénouement est impeccable.
Même si l'on fait très rapidement quelques liens dans l'intrigue, je n'ai pour ma part pas vu venir l'issue parce que je lis peu de thrillers et que j'aime me laisser porter par l'histoire. Alors j'ai adoré ce beau final, aussi indignant qu'émouvant. C'est un roman sur la différence, aussi bien embarrassante que prodigieuse, et sur l'importance des racines pour donner un sens à sa vie. C'est un roman sur la difficulté à être soi-même dans un monde infecté par l'individualisme et la cupidité, et à rester conforme à ses valeurs les plus admirables.
C'est le tout premier roman que je lis de David Moitet mais certainement pas le dernier. Un grand merci à NetGalley et aux éditions Didier Jeunesse pour cette belle découverte.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
