AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de FigureDeStyle


« Quelque ruse galante, quelque honnête petit stratagème », voilà tout ce qu'il faut au valet Scapin pour résoudre avec brio une affaire fort compliquée. Les comédies de Molière sont toujours inattendues, pleines de retournements de situation, et « Les fourberies de Scapin » n'échappent pas à la règle.
Octave et Léandre, deux jeunes hommes tous deux éperdument amoureux, apprennent que leurs pères respectifs rentrent de voyage, et vont découvrir le pot aux roses. Il va en effet falloir leur expliquer, et surtout leur faire accepter le mariage d'Octave avec Hyacinthe, et l'amour fou que Léandre éprouve pour une jeune égyptienne, Zerbinette, à laquelle il est promis. Si encore elles étaient riches ! Mais ni de bonnes familles ni dotées de beaucoup d'argent, voilà qui n'arrange pas les affaires de nos deux amants, qui craignent la réaction de leurs pères. Une seule solution s'offre à eux : appeler le valet Scapin à la rescousse. Doté d' « un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesse d'esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies », il va, à force de coups de bâton, de jeux de rôle et « par cent tours d'adresse jolis » défendre l'Amour !
Extorquer 200 pistoles à Argante, le père d'Octave, ou 500 écus à Géronte, celui de Léandre, sous des prétextes épiques et par quelques tours de passe-passe habiles, qui mettent en joie le lecteur, amusé par les lamentations de l'  « avare jusqu'au dernier point », Géronte, qui répète pour retarder l'échéance où lui sera pris son argent : « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? ». Cette célèbre réplique a d'ailleurs été plagiée par Molière au véritable Cyrano de Bergerac, qui, moins célèbre que son homonyme fictif, a réellement existé, écrivant notamment la pièce de théâtre « Le Pédant joué », où figurait presque le même effet comique.
On retiendra aussi la fameuse scène du sac, mettant en exergue toute l'habilité et l'aplomb de Scapin, qui fait croire à son maître que la ville entière le cherche pour l'assassiner, l'obligeant à se dissimuler dans un sac. Il simule ensuite des conversations avec des personnes aux accents étrangers, qui toutes cherchent prétendument « cé fat dé Géronte, cé maraud, cé vélître », « pou li donnair un petite régale sur le dos d'une douzaine de coups de bâtonne, et de trois ou quatre petites coups d'épée au trafers de son poitrine ». Scapin roue Géronte de coups de bâton, en lui faisant croire que c'est lui qui est battu, et que seul le bout du bâton atteint Géronte !
Des stratagèmes jubilatoires, des effets comiques et des personnages caricaturaux, qui montrent les travers de la société de l'époque de Molière, et, selon la formule latine « placere et docere », instruisent tout en divertissant. A lire !
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}