Cachez ce sein que je ne saurai voir,
Par de tels objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
Partout la Jalousie est un Monstre odieux ;
Rien n'en peut adoucir les traits injurieux,
Et , plus l’Amour est cher qui luy donne naissance,
Plus on doit ressentir les coups de cette offence.
(Acte I, scène I, Dom Garcie de Navarre)
(Le Médecin volant, p.40)
SGANARELLE. – Ne vous étonnez pas de cela ; les médecins, d’ordinaire, se contentent de la regarder ; mais moi, qui suis un médecin hors du commun, je l’avale, parce qu’avec le goût je discerne bien mieux la cause et les suites de la maladie. Mais, à vous dire la vérité, il y en avait trop peu pour asseoir un bon jugement : qu’on la fasse encore pisser. […] Faites-la pisser copieusement, copieusement. Si tous les malades pissent de la sorte, je veux être médecin toute ma vie. […] Quoi ? Monsieur Gorgibus, votre fille ne pisse que des gouttes ! voilà une pauvre pisseuse que votre fille ; je vois bien qu’il faudra que je lui ordonne une potion pissative.
(L'Etourdi, p.104)
MASCARILLE
Croyez que je mets bien mon adresse en usage :
Si j’ai reçu du Ciel les fourbes en partage,
Je ne suis point au rang de ces esprits mal nés
Qui cachent les talents que Dieu leur a donnés.
(Le Dépit amoureux, p. 190)
- Voulez-vous deux témoins qui me justifieront ?
- Veux-tu deux de mes gens qui te bâtonneront ?
- Leur rapport doit au mien donner toute créance.
- Leurs bras peuvent du mien réparer l’impuissance. […]
- Connaissez-vous Ormin, ce gros notaire habile ?
- Connais-tu bien Grimpant, le bourreau de la ville ?
- Et Simon le tailleur, jadis si recherché ?
- Et la potence mise au milieu du marché ?
- Vous verrez confirmer par eux cet hyménée.
- Tu verras achever par eux ta destinée.
(Le Cocu imaginaire, p. 271)
SGANARELLE
Peste soit qui premier trouva l’invention
De s’affliger l’esprit de cette vision,
Et d’attacher l’honneur de l’homme le plus sage
Aux choses que peut faire une femme volage !
Puisqu’on tient à bon droit tout crime personnel,
Que fait là notre honneur pour être criminel ?
Des actions d’autrui on nous donne le blâme.
[…]
N’avons-nous pas assez des autres accidents
Qui nous viennent happer en dépit de nos dents ?
Les querelles, procès, faim, soif et maladie,
Troublent-ils pas assez le repos de la vie,
Sans s’aller, de surcroît, aviser sottement
De se faire un chagrin qui n’a nul fondement ?
Moquons-nous de cela, méprisons les alarmes,
Et mettons sous nos pieds les soupirs et les larmes.
Si ma femme a failli, qu’elle pleure bien fort ;
Mais pourquoi moi pleurer, puisque je n’ai point tort ?