AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tachan


Découvert l'an dernier avec Mortel Imprévu une aventure sombre et dangereuse comme dans The Revenant, le film avec di Caprio, qui mettait en scène la rudesse de la nature nord américaine, j'étais très tentée de retrouver les pinceaux de Dominique Monféry et sa représentation brute de la nature. L'occasion pour moi de croiser au passage le romancier Henri Troyat que je n'ai jamais eu l'occasion de lire.

Malgré sa riche bibliographie, je n'ai jamais lu de texte d'Henri Troyat. Comme cela peut être le cas, la BD fut donc à mes yeux l'outil parfait pour combler cette méconnaissance et je l'ai fait d'autant plus volontiers que j'ai aimé la précédente oeuvre de Dominique Monféry, ce touche à tout qui est à la fois réalisateur, animateur et superviseur d'effets visuels.

Avec La neige en deuil, les deux auteurs nous conduisent dans une histoire des plus sombres et dramatiques où l'émotion nous saisit pour ne pas nous lâcher. Dans un paysage montagnard des plus âpres, nous faisons la rencontre de Isaïe, un ancien alpiniste, désormais gardien de chèvres après un accident qui l'a laissé marqué à vie. Habitant dans un lieu reculé, il mène une vie chiche et austère mais où il trouve son bonheur dans cette nature qu'il aime tant. Ce n'est malheureusement pas le cas de son frère Marcellin. Quand un avion vient s'échouer dans la montagne voisine tout bascule pour eux.

J'ai beaucoup aimé le ton rugueux du texte et de l'oeuvre qui illustre à merveille ces vies difficiles pour qui habite aussi près de la montagne. On est clairement dans quelque chose d'une autre époque pour nous qui n'avons pas connu une telle vie et ça prend aux tripes de voir ces pauvres bougres là-bas. On saisit aussi bien le désir de Marcellin de sortir de là, que le désir de son frère aîné de perpétuer une certaine tradition familiale au sein de cette nature qu'il aime et qui le fascine.

D'ailleurs la représentation de la nature montagnarde est de toute beauté. On en ressent aussi bien la rudesse que la majesté, la beauté que la dangerosité et surtout sa solitude extrême. Dominique Monféry, comme dans Mortel imprévu livre ici des tableaux saisissant de cette nature sauvage, fascinante et dangereuse, aussi bien au pied qu'au sommet. Il se hisse pour moi au niveau de Taniguchi et Sakamoto qui m'avaient également fascinée dans leurs oeuvres se déroulant dans ce lieu.

Troyat et Monféry nous propose ainsi un récit qui s'insère à merveille dans ce cadre austère : celui d'une rivalité fraternelle qui tourne mal et que c'est touchant. Les figures de ces pauvres bougres ne peuvent qu'émouvoir, que ce soit la douce naïveté d'Isaïe déjà terriblement marqué par la vie, ou la petitesse de son frère, qui n'a connu que ça et tourne mal à force d'être enfermé là sans rêve. C'est dramatique et bouleversant de les voir se déchirer. On en vient à détester Marcellin autant qu'on le comprend, à plaindre Isaïe autant qu'à l'encourager, et ce sera la montagne qui les départagera avec la brutalité froide qu'on lui connaît.

Cependant tout n'est pas clair pour moi dans ce récit. J'avoue qu'il y a des zones d'ombres à plusieurs reprises qui me font douter de la santé mentale d'Isaïe et donc de la réalité de ce à quoi j'assiste. Je vous laisse découvrir sur quel point.

Brutale et émouvante histoire de déchirure familiale, de décrochage entre modernité et tradition, La neige en deuil est encore une magnifique aventure sauvage signée Dominique Monféry qui capture les vastes espaces comme personne. Poignante et fascinante, cette aventure risquée en pleine montagne ne laissera pas indifférent.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}