Citations sur Résilience (76)
— Nous avons contacté nos homologues en Ukraine, mais il semble qu’ils aient verrouillé toutes les données relatives à la catastrophe de 1986.
— Nous savons que des études ont été réalisées par le comité permanent de Tchernobyl sous la présidence d’un certain professeur Nesterenko, qui dirigeait l’Institut de radioprotection Belrad, et de Youri Bandajevski, de l’Institut de médecine de Gomel, mais lorsqu’ils ont commencé à établir des relations entre certaines maladies et le césium 137, ils se sont retrouvés au goulag pour cinq ans.
— Mon ami, il te faudra comprendre que la bêtise est une composante de l’humanité : nous sommes ainsi faits. De même, certains persistaient à croire que la Terre était plate ou qu’elle n’avait que quatre mille ans… Cela relevait du même niveau. Je pense qu’il y aura de tout temps des gens plus… "limités", dirons-nous. Einstein disait à juste titre que seules deux choses étaient pour lui infinies : l’univers et la bêtise humaine… Et encore, ajoutait-il, pour l’univers, il n’était pas sûr…
Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. […] Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde.
Outre le domaine énergétique, l’uranium 238 avait en effet séduit très tôt les forces armées américaines et européennes pour une tout autre propriété : son incroyable densité.
Allié à un acier, son utilisation dans la fabrication de projectiles permettait de percer les blindages les plus épais.
Accessoirement, cela évitait également d’utiliser le tungstène, qu’il fallait importer de Chine, où se concentrait l’essentiel des réserves de la planète.
Ainsi, dès la première guerre du Golfe, les Américains n’avaient pas lésiné sur l’utilisation de ces alliages "sales" contre les troupes de Saddam Hussein.
Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.
[...] ces navires transportaient des déchets pour les jeter par-dessus bord, quelque part en plein milieu de l’océan Glacial.
La pratique pouvait certes choquer, pour autant, de nombreux pays y avaient recouru des années durant, polluant de nombreuses mers à travers le monde, à commencer par la Manche – rendue en partie radioactive depuis la fin des années soixante par les Français et les Anglais, qui y avaient massivement déversé des dizaines de milliers de tonnes de résidus issus de leurs propres centrales nucléaires.
La gestion des déchets radioactifs était depuis des décennies une véritable plaie pour tous les pays ayant souhaité faire appel à la technologie nucléaire.
Personne ne savait que faire de ces résidus, véritables bombes à retardement que personne ne savait désamorcer, et toutes les solutions étaient bonnes pour essayer de s’en débarrasser – quitte à faire usage de méthodes peu scrupuleuses et incroyablement irresponsables.
La pratique la plus répandue historiquement demeurait le rejet de fûts radioactifs vers les profondeurs des océans, un sport national pour certains pays comme la France et l’Angleterre, mais aussi la Russie, qui, des années durant, avait rejeté ses déchets dans la mer de Kara, la mer Noire, la mer Baltique, la mer d’Okhotsk ou encore dans le lac Ladoga, polluant pour des centaines de milliers d’années les écosystèmes marins.
Dans cette folie aveugle, les autorités gouvernementales avaient simplement oublié quelques détails, à commencer par le fait que les courants ramenaient cette pollution radioactive "à domicile" par le biais des millions de tonnes de poissons et autres crustacés pêchés en pleine mer, que leurs propres concitoyens retrouvaient dans leurs assiettes.
Cette erreur avait été reconduite par les autorités nippones lors de la catastrophe de Fukushima, à l’origine de la contamination de millions de Japonais, qui n’en avaient pris conscience que quelques années plus tard.
— À cause d’un secret à peine croyable, expliqua le secrétaire d’État à la Défense américain, l’un des plus grands secrets de l’histoire contemporaine. Quand l’humanité a commencé à se tourner vers le nucléaire avec ce rêve absolument fou de vouloir contrôler l’atome – et clairement, par là même, jouer à Dieu –, les critères qui furent considérés ne furent nullement ceux de la sécurité, ni même de la sûreté. Le premier élément pris en compte fut la capacité des réacteurs à créer du plutonium. Cela remonte à la Seconde Guerre mondiale ; je vous rappelle qu’à l’époque, nous étions dans un contexte de véritable course à l’arme atomique, engagée contre le Troisième Reich de ce fou de Hitler. C’est comme cela que notre pays a inventé les piles à uranium, et les Soviétiques leurs réacteurs RBMK, ceux que l’on trouvait à Tchernobyl. Après la Seconde Guerre mondiale, ce fut la guerre froide qui entraîna une nouvelle course, dans le domaine cette fois-ci de la propulsion nucléaire destinée aux sous-marins. Finalement, notre pays avait opté à cette époque pour le réacteur à eau sous pression, que l’on retrouva par la suite sur la plupart des centrales nucléaires de la planète… tout simplement parce que lorsqu’il fallut mettre au point les premiers réacteurs civils, le REP était prêt. C’est aussi bête que ça ! Ce truc était plus que rustique, présentait des garanties de sûreté pour le moins bancales, avec un rendement plus que discutable, mais voilà : il était compact, rapide à monter, et il existait déjà.
— Eh bien parce qu’un accident dans une centrale utilisant du MOX pourrait provoquer une pollution radioactive bien plus importante qu’une centrale alimentée à l’uranium ; comme vous le savez, le MOX contient du plutonium, qui est des milliers de fois plus radioactif que l’uranium…
— Vous êtes en train de me dire que tout l’avenir du nucléaire… de l’accès mondial à l’énergie, s’est joué sur une ridicule histoire de conflit entre quelques individus ?
— Oui… C’est très con, je sais… mais c’est ça. Et comme vous dites, le choix de cette technologie aurait probablement changé la face du monde, d’un point de vue géopolitique, en tout cas. On n’aurait jamais eu par exemple tous ces problèmes avec l’Iran ou la Corée du Nord, car question prolifération, les réacteurs à sels fondus marquent là aussi des points en transformant le thorium en uranium 233, qui rend difficile la fabrication après coup de bombes nucléaires… et donc la prolifération.