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Critique de Gonavon


J'abandonne cet omnibus, et je n'ai même pas fini Elric des Dragons. Mon expérience avec ce texte a juste été misérable, mais je ne la coterai pas, seulement parce que je ne l'ai pas finie. Je vais cependant décrire mes raisons pour l'avoir abandonné; je veux classer la chose et au moins mettre sur papier mon ressenti.

- Premier point de mention, le style. Je n'accroche vraiment pas à la plume de Moorcock. Ça ne clique pas. Tout est froid, abrégé, saccadé, sans verve. J'ai abandonné un peu avant la fin du premier roman, et il m'a été impossible à tout moment de vraiment m'immerger dans le monde, comme si l'auteur sautait dans le texte et plantait une pancarte dans ma face qui dit « Interdiction d'immersion ». Il y avait aussi trop de tell au lieu de show.

Les combats sont plutôt banals, un peu flous, sans excitation ou frisson (tel qu'il m'en vient avec les combats chez Howard). Les descriptions sont plates, on dirait qu'il manquait toujours une ou deux phrase pour vraiment étoffer et donner plus de localisation, de détails plus importants et sensoriels qui complètent l'image mentale. Ça manque aussi de rythme et de démarche. Soudainement la narration va passer de lent à rapide en même pas un paragraphe, soudainement ils font l'amour, soudainement c'est deux mois plus tard, puis tout d'un coup on est de retour au présent, puis on accélère encore – c'est très saccadé, ça crée une impression que c'est un brouillon, que quelqu'un a pesé sur la manette et fait accélérer le film.

Je vois souvent ce que Moorcock essaye de faire, comment une telle scène s'imaginait, comment un tel concept devait représenter telle chose, mais tout me parait si maladroit, et en manque de peaufinage. Ça n'aide pas, donc, que je sois au courant de la réputation de Moorcock comme un écrivain ultra-rapide, reconnu pour la vitesse à laquelle il écrit et produit une histoire (ce qui est propice à mes complaintes).

- Deuxième point de mention, les idées et concepts. C'était là le point de vente du livre, pour moi, l'imagination de Moorcock, les concepts nouveaux et étranges, alors que le reste de l'oeuvre m'était souvent décrite comme banale : les idées étaient vraiment l'appel. Et ça l'aurait peut-être été la clef, et ce qui m'aurait gardé en lecture, ne serait-ce des nombreuses réinterprétations modernes de ses idées, notamment The Elder Scrolls (les Aedras et les Daedras sont essentiellement les Seigneurs de la Loi et les Élémentaires) et Donjons et Dragons.

L'influence de Howard était aussi bien ressentie; si j'avais le choix entre Elric et Kull, je prendrais Kull, car la Valusie et son monde m'apparaissent bien mieux développés que Imrryr qui n'a jamais fait grand sens à mes yeux. Toute civilisation fonctionne sur des systèmes et des lois, donc je m'imagine difficilement comment une telle civilisation a réussi à être fondée et à durer ainsi en étant axée sur le chaos. C'est une dure suspension d'incrédulité, ça m'en demande trop. Donc si les idées sont déjà faites et mieux faites ailleurs, il ne me reste plus beaucoup de raisons pour rester avec un récit ordinaire au style froid et impersonnel.

- Et comme dernier point de mention, Arioch. J'aime l'idée du Chaos contre la Loi, mais je n'ai pas l'impression que Moorcock a la même interprêtation que la mienne. Je m'imaginais surtout le progrès contre le conservatisme, l'extrémisme contre le modérantisme, la force de la nature contre la force de l'homme. Au lieu, ça m'apparait être juste une couche de peinture craquelée mise par-dessus le Bien contre le Mal. Dans la scène où Elric invoque Arioch, il suffit à changer le nom Arioch pour Satan et pratiquement rien ne change à la scène. La profondeur n'y était pas.

C'est tout ce que j'avais à dire. Je sens que Moorcock a de l'imagination, plus que l'écrivain moyen, mais ce n'est pas assez pour me garder dans son monde. Son style manque, c'est froid et plat, l'histoire n'a rien de spécial et bien que l'univers soit inventif et riche, il m'apparait mieux fait ailleurs et même avant. Peut-être que j'ai tort et que je rate immensément de bonnes idées qui viennent plus tard. Mais je ne crois pas, du moins pour l'instant, avoir l'envie ou la motivation de continuer à lire dans le vague espoir que ça s'améliore. J'ai Solomon Kane qui m'attend, bon sang, et ça fait depuis trop longtemps que je le remets.

Si j'avais une dernière note à décrire sur Moorcock, c'est qu'il semble être quelqu'un qui plante les graines. Il est le genre d'écrivain qui plante les graines, qui pointe dans la bonne direction, pour qu'ensuite viennent d'autres artistes qui élaborent et développent la base de sa vision artistique. Il servirait surtout d'inspiration et de plateforme pour de plus grands concepts fantastiques, comme une sorte d'outil pour d'autres écrivains, et moins comme un livre à lire pour tout le monde.
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