Un nom, c'était presque une qualité, un motif de fierté, quelque chose que son détenteur pouvait considérer comme supérieur aux autres et qui lui permettait, par conséquent, d'assouvir sa tendance aux préjugés.
Chaque nouvelle journée le forçait à s'enrôler bravement dans la bagarre que l'humanité livrait à ses lendemains, mais lui, voyant que l'avenir avait sorti l'artillerie lourde, projetait plutôt d'opérer une retraite stratégique vers le monde d'hier.
La créature qui flottait en contrebas tournait une échine cramoisie vers le monde et vers les deux observateurs (…), et semblait une bouillante tornade de perles sanglantes ou de rubis. Ses muscles noueux, gros comme des territoires, se crispaient aux omoplates ou aux fessiers, s’ourlant d’une barbe de salamandre rouge piment. Toute sa quadrupédique anatomie se tendait pour assaillir la femme et sa progéniture encore à naître, de poisseux reflets s’attachant à sa peau mouvante d’ophidien (…).
Le monde n'est pas réel et nous non plus.
Jamais il n'aurait abandonné le passé pour l'avenir, si elle n'avait pas été là. Elle l'avait attiré loin de ses châteaux se sable, lui disant que le monde des adultes était de crème glacée. Ils avaient arpenté ensemble la plage des années, avec à la clé de bons boulots/une maison et deux enfants/un âge avancé, et puis elle l'avait planté là sous le crachin du front de mer des lendemains, alors que le parc d'attraction repoussé encore et toujours commençait tout juste à se profiler, à deux pas de là, avec ses guirlandes d'ampoules colorées qui s'étaient éteintes une à une.
REMERCIEMENTS
En premier lieu, j'aimerais remercier Edgar Allan Poe d'avoir laissé un peu de côté les tourments de son existence pour inventer la nouvelle, qui reste le meilleur cadre d'apprentissage pour les jeunes auteurs et la plus polyvalente de leurs formes d'expression lorsque, ayant pris de l'âge, ils ploient sous le poids de tous leurs mots. (515)