Je suis toujours éberlué par la débauche de moyens que l’on peut s’autoriser pour des thèmes aussi futiles. L’agriculture, les voitures, l’érotisme, l’emploi, le bien-être, le développement durable, les mangas japonais, je comprends… mais un salon de la coutellerie, franchement !
(p. 142)
Après avoir avalé un thé brûlant servi dans un gobelet en carton doublé afin d’éviter qu’il ne perce et avalé quelques noix de cajou échouées dans une assiette en carton elle aussi ; Éric se fait la réflexion que sa petite amie n’avait pas tout à fait tort en jugeant la décoration de la taverne aussi durement. Elle se contente de fixer son portable, sans un mot. Son masque et sa lampe frontale déposés sur la table lui redonne un aspect plus crédible dans l’univers. Éric se dit qu’il est en train de tout faire foirer : sa relation amoureuse, sa partie tant attendue à cause de la pandémie qui est loin d’être terminée et la confiance dans son groupe d’amis. Il a désormais l’intime conviction qu’il ne pourra pas sauver les trois. S’il fallait choisir une chose dans sa vie, ce serait quoi ? L’amour, la passion ou l'amitié ?
(p. 47, extrait de la nouvelle « Grandeur nature »)
Quel plaisir de devenir multitâche, grâce aux livres audio !
(p. 27)
[…] il lance l’appli de France Info. Le concept de chaîne d’information en continu le révulse, mais il doit se rendre à l’évidence que de vivre reclus et loin de tous ne lui vaut pas toujours de bonnes surprises. Le tas de factures posées sur la table en formica constellée d’éclats de couleurs vives en est la preuve. Il s’astreint donc chaque jour un son moment de reconnexion avec le monde réel.
Le flot de mots routiniers, bancal et anxiogène, déploie son programme d’une banalité sans nom : procès, révélations, pandémie et guerres. Comment peut-on encore faire la guerre dans ce monde ? Elle prend des formes insidieuses, ne s’arrêtant jamais vraiment tout à fait. On parle davantage de conflits armés, néanmoins la religion ou l’économie sont toujours l’une des deux raisons fondamentales.
(pp. 71-72)
Les gamins d’aujourd’hui sont réglés comme des horloges. « Quand il s’agit de s’exprimer au sein d’une assemblée, il n’y a plus personne ! » s’emporte intérieurement le guitariste. Quant au conteur amateur, il se félicite d’avoir au moins planté ici ou là quelques graines de sagesse.
(p. 104)