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Citations sur Meurtres à Versailles (20)

Les courtisans, fébriles, guettaient l'arrivée de leur maître. Comme ils ne pouvaient médire sur la réussite incontestable de la soirée et que nul n'osait prononcer un mot contre l'arrogante marquise de Montespan, tous se délectaient des derniers scandales et plus particulièrement de deux incidents survenus quelques jours auparavant. Une matrone, ayant perdu son fils tombé d'un échafaudage, avait voulu faire entendre sa douleur aux magistrats du parlement où l'on s'était moqué d'elle. Rendue folle de colère, elle interpella puis insulta le roi présent à la chambre. Louis ordonna qu'on la fouette sévèrement, ce qu'elle endura sans une plainte. La cour trouvait la peine trop sévère à l'encontre de l'infortunée créature qu'on aurait mieux fait d'emmener aux Petites-Maisons.
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Louis investissait des sommes colossales dans ce qui devenait le plus grand chantier d'Europe au grand dam de Colbert, opposé à cette entreprise qu'il jugeait aberrante puisque le château de Saint-Germain ne se situait qu'à trois lieues. Qui plus est, ces dépenses somptuaires se faisaient au détriment de l'entretien du Louvre.
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Louis avait donc patienté trois semaines avant de le faire emprisonner, à la grande satisfaction de Colbert qui avait tout mis en œuvre de manière à provoquer cette disgrâce et à s'approprier un poste convoité. Le souverain, s'acharnant sur le condamné, l'avait fait enfermer à vie à la forteresse de Pignerol et s'était empressé d'engager les artistes à l'origine de la création du château de son ancien intendant : l'architecte Le Vau, le peintre Lebrun, le créateur des jardins Le Nôtre… Depuis lors, rien ne passionnait plus le roi que la construction de son palais : il agrandit le simple relais de chasse de son père, côté jardin, en l'entourant de nouveaux bâtiments pour créer deux ailes disposées de part et d'autre d'une gigantesque terrasse.
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Bien sûr, le chantier était encore loin d'être achevé et l'on y venait exclusivement pour d'inoubliables festivités ou de courts séjours. Cependant, le suzerain avait la ferme intention d'en faire, à terme, sa demeure principale. Cette décision de construire un édifice à sa gloire, Louis l'avait prise ce fameux soir du dix-sept août 1661, date de son humiliation, face à la magnificence de la réception donnée par son surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, dans son tout nouveau château de Vaux-le-Vicomte. Le roi, déjà profondément agacé par l'enrichissement personnel de son ministre, acquis grâce à sa fonction, avait éprouvé une rage sans bornes de le voir éblouir ses sujets, à sa place, en étalant une insolente opulence, fruit d'opérations financières douteuses. Seule la crainte d'un esclandre éprouvée par Anne d'Autriche l'avait empêché d'organiser le soir même l'arrestation de l'impudent personnage.
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Cette fois-ci, Louis avait remporté son pari. Assis dans son carrosse d'apparat, il ordonna que l'attelage ralentisse, satisfait de les savoir tous dans l'expectative. Le succès de ce dix-huit juillet l'encourageait à persévérer dans sa volonté de transformer l'ancien pavillon de chasse en un palais extraordinaire, le plus grand d'Europe. Il était en passe d'effacer la réprobation initiale de ses contemporains envers son engouement versaillais. Beaucoup n'y voyaient au départ qu'un sinistre marécage nécessitant des aménagements dispendieux. Malgré leur réticence, Louis XIV avait décidé d'ériger les lieux en symbole de son pouvoir et il était proche de réaliser ce tour de force.
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La calèche du souverain fut enfin en vue, elle précédait la chaise à porteur de Son Altesse Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne, enceinte de leur cinquième enfant. Pourtant ce n'était pas elle la reine de la cérémonie mais bien la marquise de Montespan : la nouvelle favorite, reléguant l'ancienne, Louise de La Vallière, au rang de paravent des amours royales illégitimes. Nul n'ignorait l'ascendant de la somptueuse Athénaïs, esprit brillant aux charmes ravageurs, sur le roi et tous savaient que le divertissement était l'hommage d'un amoureux à sa belle. Les courtisans étaient admiratifs et ne pouvaient s'empêcher d'établir la comparaison avec les plaisirs de l'île enchantée, donnés quatre années auparavant, en l'honneur de la maîtresse disgraciée. La fête du moment était incontestablement plus impressionnante et le monarque avait évité l'écueil de la précédente, interminable, étalée sur plusieurs jours, où l'absence de couchage avait mécontenté la plupart des invités. L'immense majorité avait en effet regagné à l'époque Fontainebleau avec un soulagement non dissimulé.
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Ne laissant que des miettes après leur passage, plus de trois mille convives, dont d'importants ambassadeurs de grandes puissances voisines, guettaient le couple royal au milieu du théâtre de verdure créé pour la représentation de la pièce de Molière. Celle-ci serait suivie des Fêtes de l'amour et de Bacchus, un opéra-ballet composé par Lulli.
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Le Roi-Soleil ouvrait la marche. Il grappilla un mets par-ci par-là, et permit ensuite à ses courtisans de l'imiter. Il les observa un instant s'empresser de détruire les éphémères constructions, puis s'éclipsa afin de rejoindre la reine, plongée dans l'admiration du bassin des cygnes que Louis envisageait d'agrémenter d'une statue en plomb doré le campant en Apollon sur son char.
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Cette fête grandiose, destinée à faire connaître la nouvelle demeure du roi encore en chantier, devait sa réussite à ses plus fidèles serviteurs qui avaient conjugué leurs efforts afin qu'elle soit inoubliable, comme le voulait Sa Majesté. Les agapes avaient débuté dans la grotte de Thétis d'où les visiteurs, arrosés par les jets facétieux des fontaines, étaient partis admirer le bassin du Dragon. Une gigantesque collation les attendait ensuite au bosquet de l'Étoile où les tréteaux dressés proposaient une multitude de compositions grandioses. Monticules de charcuterie et viande froide, palais en pâtes de fruits ou massepains à l'architecture audacieuse, arbres miniatures offrant à profusion poires, groseilles, oranges, abricots frais ou confits : il y en avait pour tous les goûts.
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Versailles, 18 juillet 1668
La foule des jours de liesse affluait dans les jardins du château, pressée d'assister au grand divertissement royal. Les plus chanceux avaient leur place réservée sur les sièges de l'amphithéâtre monté pour l'occasion, les autres devaient se contenter de s'installer sur le parterre, chacun essayant de se frayer un chemin vers ses amis, les plus gourmands prenant stratégiquement position non loin des buffets. Tous attendaient avec impatience la représentation de Georges Dandin, la nouvelle création de Molière, admirant la scène : une remarquable reconstitution d'un jardin féerique aux multiples jeux d'eaux encadré des statues de la Paix et de la Victoire. Ces dernières symbolisaient le triomphe du roi dans la guerre de Dévolution contre l'Espagne ayant abouti, au mois de mai, à la signature du traité d'Aix-la-Chapelle qui entérinait la prise des douze villes conquises sur la frontière nord.
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