(...) par la lecture je recherchais dans les livres des mots capables d'éveiller en mon corps des désirs d'émancipation profitables à l'esprit (...)
Un homme qui ne pense pas par lui-même et vit télécommandé est une prison bipède.
Les preuves d'amour, c'est agréable, c'est mieux que les témoignages de désaffection. Mais à quinze ans, on n'est jamais sûr que cela soit suffisant pour atténuer l'impression que l'on est bien seul avec cette part d'étrangeté convulsive qui vous dévore de l'intérieur et sur laquelle il s'avère si difficile, sinon impossible, de mettre un nom.
Une phrase, c'est parfois beau comme un vol de condors au-dessus d'une panse éviscérée, sous un soleil de plomb.
J'allais au livre, mon corps y allait mû par un désir de la même famille, lascive et goulue, que ceux dont mon érection concentrait les effets, à l'approche d'une fille s'entrebâillant du déhanché. En lisant, je voyais la chair intime des mots avant d'en percevoir le sens évident.
Cette femme est inoubliable, ne serait-ce que parce que son corps revenant à la vie dans le corps d'un livre avait vu dans le "noir" de la Rhytmique de ce livre une lumière que je ne savais pas y avoir mise.
C'est ce que semble vouloir me dire l'écriture, lorsqu'elle joue de la violence de la musique des mots pour me rappeler que sans elle j'en serais encore à me demander ce qui m'a pris d'aimer la vie comme je l'ai aimée et d'essayer de la faire aimer pareillement par ceux et celles qui me lisaient et ne vivaient de la leur que ce qui convient à la Raison ou à la Société.
DONC, mon corps en fin de trépidation aura au moins, si j'en crois l'actualité de mes pulsions, le bon goût de profiter de ses ralentissements pour s'attarder sur quelques mots esseulés, comme abandonnés, près desquels il sera passé sans vraiment les voir, ou si peu, alors qu'ils avaient tout pour développer en lui une conception de l'écriture à même de mettre à feu et à danse le sens de la vie, serait-il trouvable.