De la poésie, pas des enfants !

Lorsqu'on évoque l'Amérique latine, on pense aux romans noirs et aux thrillers.
On connaît davantage les auteurs brésiliens et chiliens.
Puis, si on délimite à un pays : l'Uruguay. Mes connaissances se réduisent à une peau de chagrin.
A part Carmen Posadas, je ne connais rien de ce pays mystérieux dont les auteurs sont méconnus.
Aussi, j'ai sélectionné la pièce de théâtre : de la poésie, pas des enfants ! de Marianella Morena.
Delmira, une femme moderne qui veut s'émanciper d'une culture lourde à porter.
Elle rédige des poèmes et veut vivre une vie sexuelle épanouie et non soumise à son mari.
Cependant, j'avais parfois l'impression de me noyer dans les pensées des personnages.
Ou d'avoir les tribulations de chaque personnage, ce qui aurait été pensé ou dit pour étayer un scénario plausible lors de la reconstitution des faits : meurtre de Delmira Agustini.

La mémoire d'un objet qui révèle une part d'histoire de son propriétaire est un sujet intéressant qui aurait pu être plus approfondi. Les lettres passionnées entre la poétesse et son amant.

Je reste un peu sur ma faim même si j'ai eu l'occasion de rencontrer une nouvelle auteure uruguayenne.

Je lis beaucoup mais très peu de théâtre. Comme une impossibilité de projection en scène. Une sensation qu'il me manque un bout pour apprécier le sensible du texte.
J'arrive pourtant à faire l'effet inverse, imaginer des romans mis en scène m'arrive régulièrement.
Vaste paradoxe.
Ici l'on assiste à la mise en scène de la mort et l'émancipation de Delmira Agustini. Les deux liés, dans un sens ou l'autre. Un féminicide d'un temps ou on évoquait la passion criminelle (est-il vraiment révolu…)
Je connais peu l'Uruguay et ses auteurs, je ne connaissais aucunes des deux autrices, la morte comme la vivante.
J'ai donc plongé dans l'histoire avec plaisir.
Les revendications d'époque et de culture peuvent paraitre lointaine, pourtant à chaque bout de planète la violence écrase les femmes et le manque d'équité les morcèlent.
Delmira Agustini voulait écrire, vivre libre, ne pas s'embourber dans sa condition.
Un récit exalté et engagé.
Me manque l'essentiel, le liant.
Ravie cependant de la découverte de cette figure féministe méconnue.

Une pièce de théâtre contemporaine en trois actes, venant d'Uruguay, portant sur la mort de Delmira. Seulement un mois après son mariage, cette jeune autrice se rend compte que sa situation n'a pas changé entre la maison familiale et Reyes son mari. Alors elle veut écrire, s'émanciper, être libre! Bref voir ses droits reconnus dans ce pays! Une pièce courte, féministe et dynamique qui a le mérite d'être originale.