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Citations sur Les incendiés (13)

Je ne saurais dire comment ça a débuté. Les rêves n'ont ni début ni fin, si d'ailleurs début et fin existent.
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Je suis Russe, j’ai fait mes premières armes avec les gars de Solntsevo, j’ai été bien formé. Mais je suis aussi l’héritier des pillards afghans qui sillonnaient les montagnes et les déserts en attaquant les caravanes et en réduisant à l’état d’esclaves des hommes, des femmes, des enfants, à qui ils coupaient le nez, les oreilles… Tout le monde fait la grimace en entendant ça. Mais qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Il n’y a jamais eu dans le monde autant d’esclavage que maintenant, dans le marché mondial du travail, entre les nations et les races, dans la criminalité, dans l’économie, dans la politique. Ils courent tous vers moi en me suppliant de les prendre pour esclaves. Et demain ? Qu’est-ce que vous croyez ? De nouvelles formes d’esclavage se préparent, qui feront pâlir celles d’aujourd’hui. Alors ils n’auront même plus besoin de soumettre et de dresser les esclaves, ils les fabriqueront, ils les cloneront et les dupliqueront directement, par stocks entiers, tout le monde voudra avoir son esclave, même les esclaves. On doit déjà en fabriquer quelque part, qu’est-ce que vous croyez ? (...) le monde entier, toute la vie, ne tient que parce qu’il y a l’esclavage. La vie est esclave de la mort, la mort de la vie, les femmes sont esclaves des hommes et les hommes des femmes, le cerveau est esclave du cœur qui pompe le sang et le cœur du cerveau, l’intestin est esclave de l’estomac et l’estomac de l’intestin, le trou du cul est esclave de la bouche et la bouche du trou du cul, les khui… comment vous les appelez, vous ? ah, oui, les bites ! Les bites sont esclaves des pizdy… des chattes, les chattes des bites, les chiens sont esclaves des hommes et les hommes des chiens, et nous tous on est esclaves de l’oxygène qu’il y a dans l’atmosphère… Sans l’esclavage il n’y aurait pas de vie, et les systèmes politiques, économiques, religieux, culturels n’existeraient pas. Les hommes ont peur du chaos et la seule chose qui les sauve du chaos c’est l’esclavage et les chaînes de l’esclavage, parce qu’ils ne sont pas libres, parce qu’ils ne peuvent l’être, parce qu’ils ont peur de vivre, plus encore que d’être esclaves du chaos…
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Regarde…, j’ai incendié le monde pour toi ! a murmuré l’instant d’après une voix à l’accent étranger.
Et d’un large geste de ses mains et de ses beaux bras, si souples et si blancs, elle m’a montré l’amphithéâtre de la côte en flammes.
Tout autour le feu, et nous deux, là, inconnus jusqu’à l’instant d’avant, l’un près de l’autre, au cœur de la flamme, là où la flamme ne brûle pas.
C’est difficile à faire comprendre avec des mots. Ça ne vous est jamais arrivé de rencontrer une personne inconnue, dans un moment de la vie où vous n’étiez plus présents à vous-mêmes, où vous ne coïncidiez plus avec vous-mêmes, et d’éprouver pour elle un bouleversant sentiment de proximité et de fusion, comme si pendant un instant s’était ouverte, on ne sait où, une fissure qui vous a fait voir une réalité complètement différente, que vous aviez sous les yeux mais que vous n’arriviez pas à voir jusqu’à l’instant d’avant ?
— Tu veux brûler avec moi ? elle a murmuré encore, tout à coup, approchant infiniment près son indescriptible visage blanc animé par le feu.
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En ce temps-là, j'étais complètement malheureux. Dans ma vie, j'avais tout faux, j'avais tout raté. J'étais seul.
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On marchait, toujours enlacés devant la batterie d'ascenseurs, et tout était éclairé, y compris les cages béantes des ascenseurs, les couloirs feutrés, toutes les chambres de l'hôtel, à chaque étage, me semblait-il, vu l'éblouissement qui s'était créé autour de nous, et sans doute que le chauffeur n'avait pas allumé que le hall mais l'ensemble de cet énorme bâtiment en manoeuvrant dans le noir un interrupteur général qui éclairait d'un coup tout l'hôtel.
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-Pourquoi tu as incendié la côte ? j'ai essayé de lui dire, parce que j'avais toujours en tête l'image de son visage tel que je l'avais vu la première fois dans le noir, illuminé par l'éclat du feu.
-Parce que je voulais brûler avec toi !
-Et pourquoi précisément avec moi ?
-Parce que j'ai compris que tu étais aussi désespéré que moi.
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Comment peut-on décrire ce qui peut advenir certaines rares, très rares fois, entre deux visages et deux corps qui se rencontrent dans l’océan de la matière des autres corps, ce qui advient quand deux particules dotées de charge opposée s’attirent et puis se détruisent en se transformant en radiation ?
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Ils déambulaient en brandissant l’étendard de leurs visages morts
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Impossible de décrire l'émotion que j'ai éprouvée en la voyant tout à coup. Elle ne disait rien ,elle me regardait simplement,paisiblement , ses yeux et son visage illuminés par l'éclat du feu, avec cette confiance totale qui peut naître entre des êtres qui se trouvent face à un incendie,même s'ils ne se sont jamais vus auparavant dans leur vie.
Soudain , sans qu'elle ne cesse de me regarder , son corps a bougé imperceptiblement.
-Regarde...j'ai incendié le monde pour toi! a murmuré l'instant d'après une voix à l'accent étranger.
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Parfois j'allais me baigner tout seul, sur des petites plages isolées où il n'y avait personne. J'y arrivais en voiture au long de ces virages lents où de temps à autre surgissait l'éblouissante apparition de la dalle marine. J'arrêtais la voiture, je descendais à pied sur des sentiers envahis d'une végétation dure et épineuse. Je me déshabillais, je me couchais sur le sable brûlant. Je pénétrais dans l'eau, je nageais un moment vers le large, je faisais la planche sur le ventre, le visage plongé dans la bouillie chaude de la mer. Je revenais m'écrouler sur la petite plage déserte, face à la déclivité de l'eau. Son éclat gélatineux traversait le voile de mes paupières fermées tandis que je restais ainsi, hors d'atteinte, seul, hébété.
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