Elle plongeait dans de nouvelles lectures comme d'autres glissent vers des paradis artificiels, car oui les livres étaient sa drogue.
Son cerveau n’avait pas encore pris conscience de ce qui se passait, alors que son cœur, qui ne parvenait plus à battre, semblait l’étouffer.
Le passé était fini, ne lui apportant que douleurs et regrets sur lesquels elle n’avait nulle prise. Le futur, lui, s’étendait telle une terre inconnue noyée de brumes. Seul le présent lui appartenait.
Là-bas, sur le pas de la porte, la jeune femme respira avec une satisfaction apaisée l'air frais de cette première matinée d'un été indien radieux. C'était le troisième miracle automnal auquel elle assistait, ces journées d'étranges parenthèses à la douceur estivale et cependant enflammées par cette saison. […]
En cet instant la beauté du présent la submergea. Elle resta là, à se laisser envahir par l'intensité du moment, heureuse de pouvoir aujourd'hui se permettre ce luxe. Heureuse non pas d'avoir oublié, l'oubli n'était pas envisageable, mais de pouvoir vivre en appréciant les cadeaux de l'instant. Le passé était fini, ne lui apportant que douleurs et regrets sur lesquels elle n'avait nulle prise. Le futur, lui, s'étendait telle une terre inconnue noyée de brume. Seul le présent lui appartenait.
Dans son désert de solitude, ponctué de douleurs, où elle était plongée depuis des mois c’était presque inespéré. Elle se sentait non seulement seule, mais surtout inutile.
Une terre d'accueil pour ses sentiments malmenés par la vie.
Sa douleur lui appartenait, à elle seule. Elle n'avait cure de la gentillesse mièvre des autres. Elle préférait lécher ses blessures dans le fond de sa tanière, telle une louve malade.