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Critique de Kirzy


Kirzy
05 février 2021
L'histoire d'un amour né dans le camp d'Auschwitz entre deux juifs slovaques qui y sont déportés. Si ce scénario avait été une fiction totale, je crois que j'aurais passé mon tour. Peut-être bêtement. Mais trop improbable, trop « osé », et potentiellement trop casse-gueule de trouver un équilibre entre l'horreur glauque du génocide et l'aspect romance revendiqué. Bref too much pour moi.

Si le Tatoueur d'Auschwitz est rangé dans la catégorie « roman », il revendique être tiré d'une histoire vraie relatant la naissance d'un amour à Auschwitz entre deux survivants qui y ont passé plus de 2 ans et demi, le couple partageant ensuite plus de cinquante ans de vie commune plus un enfant. Et oui, le scénario est complètement improbable ! Lale était Tätowierer à Auschwitz-Birkenau, chargé par les Nazis de tatouer le matricule sur l'avant-bras des prisonniers destinés au travail plutôt qu'au gazage immédiat. Sa vie bascule lorsqu'il a le coup de foudre pour Gita, jeune fille qu'il doit tatouer.

Il y a eu quelques polémiques concernant les inexactitudes voire erreurs ( dans les numéros matriculés, les trajets, la pénicilline que Lale parvient à dénicher ) contenues dans le récit. Sans doute faudrait-il le confronter à d'autres sources. Mais ce récit ne prétend jamais être un document historique universitaire, c'est avant tout le récit d'une histoire de la Shoah basé sur des souvenirs personnels et l'expérience d'un homme. Et cela qui en fait son prix.

Pas de dérobade, le récit affronte la réalité d'Auschwitz de façon frontale, décrivant l'inhumanité des conditions de survie et la barbarie des Nazis du camp. Quelques scènes sont dures, mais jamais insupportables, jamais complaisantes surtout. On y découvre un personnage principal fascinant, comme anobli par sa souffrance, ingénieux, charismatique, doté d'une force morale herculéenne. On y découvre le vrais sens des mots « courage », « altruisme », « solidarité », souvent galvaudés et utilisés à tout-va.

Que gagne la fiction quand elle se dit basée sur une histoire vraie ? de l'émotion. Ce récit édifiant est un ascenseur émotionnel entre la brutalité, l'indicible et l'horreur d'un côté, la pulsion de vie d'un amour inconditionnel qui réussit à voler des moments d'intimité de l'autre. de l'accessibilité aussi. La lecture est à la fois édifiante et absorbante, passionnante. Elle conviendra à des adolescents à partir de la Troisième ayant une connaissance du génocide juif pendant la Deuxième guerre mondiale.

C'est une journaliste australienne, Heather Morris, qui a écrit ce roman, après avoir interviewé durant plus de trois ans Lale Sokolov. Il ne faut pas chercher un style fort à la Imre Kertez ou Elie Wiesel, l'écriture est platement descriptive mais juste et sobre, ce qui met en valeur une narration empathique et sincère. Disons que le Tatoueur d'Auschwitz aurait pris une envergure supérieure en apportant plus de complexité. La thématique passionnante de la culpabilité du survivant qui a survécu en obéissant aux ordres nazis est ainsi juste survolée. N'importe comment, j'ai vraiment apprécié cette lecture.
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