Rappelle-toi les moments heureux pour en rêver.
Dans un endroit comme celui-ci, toute occasion, si minime soit-elle, de les faire s'évader de cette horreur implacable et éprouvante, du rappel de ces longues années encore devant elles, doit être chérie.
Hannah, réagit Olga d'un ton sec, voir un peu d'espoir dans cette noirceur n'est pas une faiblesse.
Ce que tu fais, Cilka, est ta seule forme de résistance : rester en vie.
Il ne s’agit plus seulement de rester en vie, mais de vivre.
Dites-moi qu'un jour je partirai d'ici. Que j'aurai la chance de vivre une vie comme celle d'autres jeunes femmes. Que j'aurai des amis qui ne disparaîtront pas de ma vie. Que je découvrirai que l'amour existe pour moi aussi. Que j'aurai peut-être mon propre enfant. Pouvez-vous me l'affirmer ?
J'avais 16 ans ! Je n'ai rien choisi de tout ça. Je suis simplement restée en vie.
Gilka sent s'épanouir en elle de l'affection pour elles toutes, avec leurs joues creuses et leur sourire édenté-sentiment qui n'est jamais apparu qu'à de brèves occasions dans un océan de malheur. Pour sa soeur. Pour Gita. Elle l'enfouit bien profondément en elle, là où rien ne peut venir l'abîmer.