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Critique de piccolanina


L'auteure nous entraîne dans la spirale du temps .
Une vraie chatte qui joue avec un bout de ficelle , l'entame de chaque côté , le lance , le rattrape , replonge , avec toujours , en tête , le fil conducteur .

Son but est de nous emmener près de la Tamise où se cache une gentilhommière , à l'orée du bois .
Il suffit d'y pénétrer sur la pointe des pieds ; écouter les vibrations qui racontent les secrets de cette maison ; sentir son coeur palpiter aux approches du cerisier du Japon .

Attention ! Elle est peut-être hantée . La reine des fées l'a charmée .
Sa mémoire ne s'ouvre qu'aux souvenirs liés à l'été 1862 .
Mais qui se souvient encore de l'endroit , à part la légende qui associe cette demeure à un havre de paix pour tous les êtres dans le malheur .
Certains signes les invitent , d'ailleurs à s'y reposer .
" Ce faisant , son regard revint vers la maison . Quelque chose l'y avait attiré , une vague lueur , à la fenêtre d'un des pignons jumeaux ; c'était le grenier , ça , non ?
Juliet cligna des yeux et secoua la tête . Son imagination lui jouait des tours . Il n'y avait pas l'électricité à Birchwood Manor . ( ... ) du reste , lorsqu'elle regarda de nouveau le pignon , il n'y avait plus rien . " P.382

Un patte en avant . Un patte en arrière .
La féline tend son fil au jour d'aujourd'hui .

D'un bond , elle traverse l'entresol glacé des locaux de Stratton , Cadwell & co. , s'arrête auprès d'une jeune archiviste qui trie , classe des objets référencés .
Emmitouflée , giletée chaudement , Elodie , très tatillonne , examine une boîte en carton ciré , qui était cachée depuis des lustres , à l'étage supérieur .
Une inscription manuelle indique : " contenu d'un tiroir de secrétaire trouvé dans un grenier , 1966 - non repertorié " . p. 19

Elle extirpe une sacoche en cuir , un carnet de dessins - dans lequel un papier volant et anonyme , est inséré , avec ces mots : " Je l'aime , je l'aime , je l'aime et si elle ne veut être mienne , je vais devenir fou , car je ne suis pas près d'elle , je crains ... " - la photo d'une jeune femme dans un décor qui l'intrigue et qu'elle croit reconnaître .
Elle se souvient alors des heures passées à écouter sa mère lui conter une histoire avec une reine des fées , vivant dans un endroit analogue .

Privilégiée grâce à tous les documents qui sont à sa portée , elle va mener son enquête qui va initier dans le dix-neuvième siècle .

Elle n'est pas la seule à nous éclairer .
A force d'invoquer le manoir , elle a nous rapprochés de son fantôme .
" Birdie " y habite .
" Birdie " invite tout un chacun en relation avec son chagrin , sa vie de misère à Londres dans sa jeunesse , sa beauté , son grand amour et la fin de sa vie , à se manifester et profiter de l'endroit de rêve .

Tant de noms gravitent autour de ce lieu magique .
Edward Radcliffe , le propriétaire beau , riche , hôte généreux , peintre talentueux , entouré de ses amis préraphaélites au pinceau aussi génial que le sien .
Fanny , sa fiancée délaissée .
Sa muse et fol amour , Lily alias Birdie .
Sa soeur bien aimée Lucy qui sera son héritière après le départ de son frère , fou de douleur après la tragédie .
Plus tard , dans le siècle passé des Leonard , des Juliet , et j'en passe .

Dans le présent .
Jack et Elodie ont choisi l'amour à l'obligation .
Finalement , ils font un pied de nez à tous les malheurs associés à cette maison aux deux pignons à la forme d'ailes d'oiseau .

" Ne réveillons pas le chat qui dort "
Kate Morton est à l'affût . Elle pourrait de nouveau nous manipuler . Fascinés , comme nous le sommes par ses flash backs , ses imbroglios , ses déductions .
Sa patte attire , captive , colore le scénario par un vocabulaire précis , pittoresque .

Je ressens la même oppression dans Birchwood Manor que j'ai éprouvée dans Sara Laughs " Sac d'Os " de Stephen King ou Manderley " Rebecca " de Daphné du Maurier .
Ces livres ont la beauté du lieu , l'amour mais surtout la mort en commun .

C'était joli , joli !
J'envoie mille mercis à Babélio et aux Editions de la Cité qui m'ont gâtée avec ce roman .

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