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Critique de larmordbm



Mon année de repos et de détente est le récit, à la première personne, d'une très belle jeune femme de 26 ans qui décide en 2000, après avoir perdu ses deux parents et son travail dans une galerie d'art contemporain, de faire une pause, de se mettre entre parenthèses dans son appartement, pendant un an.
Pour cela, elle consulte une psychiatre, dont le degré de pathologie semble excéder celui de ses patients et dont l'empathie est quasi nulle, simule auprès d'elle des problèmes d'insomnie, et se voit prescrire, à jet continu, des quantités phénoménales de psychotropes.
Elle - nous ne connaîtrons pas son nom - consomme, jour et nuit, barbituriques et anxiolytiques pour dormir et s'anesthésier. Les rares moments où elle ne dort pas, elle reçoit la visite de son amie Reva, ou regarde, à hautes doses, des films populaires ou des séries TV.
Ce livre est étonnant, voire détonnant. Avec ce flot de médicaments cités à longueur de pages, de films ingurgités par l'héroïne, il a un effet hypnotique, mais en même temps, il soulève de nombreuses questions.
Cette jeune femme, dont la beauté nuit à des relations affectives et sociales correctes, n'est pas une toxicomane. Sa consommation de drogues relève d'une démarche volontaire qu'elle maîtrise parfaitement. Quel en est le sens ? S'agit-il vraiment d'une quête de repos ? Elle semble avoir besoin de se réinitialiser, comme un ordinateur, de repartir à zéro, de faire le vide, dans ses pensées et ses émotions, et de redémarrer. Ou peut-être s'agit-il tout simplement du processus de deuil de ses deux parents et de leur maison.
Le ton du livre est tragi-comique, la distance avec les personnages maximum.
Ottessa Moshfegh se livre à une critique virulente des dérives de la société américaine. Elle nous offre une sorte de conte moderne sur les effets de la surconsommation, sur le vide abyssal qu'elle peut générer, sur les étranges rapports que les américains entretiennent avec le corps, la nourriture et la beauté. Il est ici souvent question d'apparence physique, d'ingestion, de remplissage.
A noter, dans cet univers froid et déshumanisé, une relation avec son amie Reva, analysée et décrite avec beaucoup de finesse et de subtilité, une relation comme peuvent en avoir les filles, empreinte de jalousie, de rivalité, de tendresse et de compréhension.
Au final, le monde de l'écrivaine n'est peut-être pas si désenchanté. Elle nous laisse entrevoir, malgré les menaces, des solutions, des issues, des possibilités de régénération et de sublimation.
Très intelligent.
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