Mais de quelle planète vient
Ottessa Moshfegh ? C'est la question que le lecteur est en droit de se poser après avoir terminé son recueil de nouvelles,
Nostalgie d'un autre monde, publié entre ses deuxième et troisième roman aux États-Unis (
Eileen et
Mon année de repos et de détente). Est-ce son ascendance particulière (irano-croate) ou son expérience d'enseignante en Chine doublée d'un travail dans un bar punk local (sic) qui expliquent la singularité de son univers et sa cruauté, à peine constellé de tâches de compassion et de tendresse ? Son regard sans aménité sur notre société et la difficulté de ses personnages à s'y intégrer est en tout cas une constante dans les 14 nouvelles qui composent
Nostalgie d'un autre monde. Les différents récits racontent une palette de destins très divers mais le malaise est permanent pour les individus qui s'y meuvent tant bien que mal. Les "héros" d'Ottesa Moshfegh sont tous mal dans leur peau et ont un gros problème pour communiquer avec leur environnement, foncièrement hostile. L'écrivaine, qui devient indifféremment homme, femme, vieillard ou fillette, selon les nouvelles, s'attarde avec une délectation troublante et choquante sur les défauts physiques (surcharge pondérale, dents abominables ...) de ses personnages, leur trouvant au passage une surprenante séduction tant il semble que pour elle le beau est presque toujours bizarre (et réciproquement). Grotesques, absurdes, cyniques, et soutenues par un humour noir quasi permanent, les nouvelles de
Nostalgie d'un autre monde, d'une écriture impeccable, peuvent susciter un rejet immédiat mais aussi fasciner par leur vision lucide jusqu'à la souffrance (ou à l'extase ?) de la pauvre et misérable condition humaine.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard de m'avoir permis de lire
Nostalgie d'un autre monde en avant-première.
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