C’était la dernière nuit de l’année des hommes
Le chien et moi nous maraudions au lit des étoiles
L’île nous contait le fil du temps, de calmes tempêtes
La mer se faisait discrète pour nous laisser flairer le goût du ciel
Il faut parfois rester seul au monde, assis au rebord de la nuit
Pour savourer le murmure des siècles.
Il est des temps de grand calme
Il est des temps d’ombres douces
Il est des temps où la lune chuchote
Au creux de l’île, la mer calmait ses courants
Le clapot parlait à voix basse
Il me racontait les rêves des marins oubliés
Des contes d’horizons et de lents départs
Seuls les songes s’inscrivent à la surface de l’onde.
A l'angle des tempêtes
comme au rebord des éclaircies
partons à tire-d'aile.
Qu'importe, il faudra bien,
au soir,
se poser
et raconter nos solitudes
au souvenir de
ces lointains entrevus.
C'était un jour de luxe, un jour à s'offrir le monde
Un temps à s'asseoir à la crête des nuances
Un instant de silence, un temps à ne rien attendre
Un temps à prendre la course des nuages
L'horizon à cache-cache et le ciel au cœur.
S'alanguissent les clairs obscurs
aux temps de brume.
Ce sont des heures hésitantes
des crépuscules irrésolus.
Des horizons suspendus,
sans attaches
aux fortunes indécises
d'îles en archipels,
sans plus aucune terre ferme.
Faudrait-il partir ou rester à quai?
Nul ne sait.
Nul ne dit
Nul ne songe.
Seul le vent ou la nuit
emporteront l'incertitude.
Il est des matins calmes, aux bleus étalés, aux îles promises
Il est des jours au monde
Il est des jours de mer
Il est des temps où la paix s'invite à l'ourlet du regard
Pour cajoler nos coeurs au soupir de l'instant.
La solitude, ce rare bonheur d'avoir l'horizon au regard et le ciel pour témoin.
Les souvenirs sont l'avant-garde de l'oubli.
Ils sont comme les nuées, imposants, obscurcissant le ciel.
À peine pense-t-on saisir leur forme et leur course, qu'ils ont commencé à fuir,
à s'estomper, à se dissoudre.
Ils embrassent les cieux mais tout juste le vent a-t-il soufflé que l'on cherche leurs traces.
Les souvenirs sont les soupirs de l'abandon.
Quand bien même viendra le temps des pluies je resterai au coin de la lumière
La place de mon coeur, à l'angle de mes rêves.
Souligner les temps et enlacer les vents.
Braver les équilibres et tanguer tout autant.
J'irai toujours là-bas où s'empoignent nos chants
Ceux de nos impertinences et de nos libertés.