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Critique de paulmaugendre


Les paroles de cette chanson de Jacques Brel se sont incrustées dans la tête de Roger (prononcez Rodjeur !) puis de Marcellin, deux membres de la TAN Compagnie.

Et ce n'est pas par hasard s'ils fredonnent cette rengaine. Ils ont été envoyés en mission dans cette ville de la Haute-Saône car un incident a été enregistré, a même fait l'objet d'un article dans le journal local.

Une jeune femme se complait à parcourir les rues de l'accueillante cité dans le plus simple appareil, danse, se baigne nue dans la rivière, souriante, aguicheuse, s'exhibant devant les badauds ébaubis, et pas uniquement les adolescents, et s'enfuyant lorsque la maréchaussée est envoyée sur place. Cela les change les braves pandores qui préfèrent cette tâche à celle de débusquer voyous, cambrioleurs, lanceurs de projectiles en tous genres.

D'après leurs renseignements, et sur la foi des témoignages, nul doute pour les envoyés de la TAN compagnie qu'il s'agit d'une Tanagra, ces statuettes qui datent de quelques siècles avant J.C. et découvertes en Grèce. Et justement le musée Georges-Garret, installé dans un ancien couvent des Ursulines, possède outre de très nombreux tableaux et sculptures signés Jean-Léon Gerôme, un tanagra de belle facture et qui est représenté en couverture.

Mais Roger a disparu et Marcellin visite ce musée, découvrant la statuette qui ressemble fort à la nymphe qui met les Vésuliens en émoi (et moi aussi !). Alors qu'il déambule, il est abordé par une charmante jeune femme qui lui fournit, sans qu'il ait besoin de le demander (il existe encore des personnes serviables même si elles ont tendance à s'immiscer un peu trop) l'origine de Tanagra et lui explique les symboles des tableaux tel un maître de conférence.

Il est rejoint par Teddy qui lui aussi a son rôle à jouer, car chaque membre de la TAN Compagnie possède sa partition, une association qui comporte des Démineurs, des Chasseurs, des Cafouilleurs. Marcellin s'extasie devant le Tanagra, mais un détail dans un tableau l'interloque. C'est ce que l'on pourrait appeler un tableau vivant. Sa mission va durer quelques jours et il prend, de même que Teddy une chambre dans un hôtel renommé de la cité. Mais il sacrifie à la bonne chère et à la chair, car Anaïs ne se montre pas uniquement une guide très documentée, mais experte également en langue. Elle est notamment professeur de latin.

Ce court roman charmant est tout autant didactique que fantastique et l'intrigue s'insère avec habileté dans la pédagogie. le lecteur, qui comme moi, ne connaissait pas Jean-Léon Gérôme, découvrira un peintre et un sculpteur d'inspiration classique, un représentant de l'art académique alors que l'impressionnisme détrônait toutes formes d'art pictural.

Le lecteur averti avait déjà eu l'occasion d'apprécier le style de Stéphane Mourret, en collaboration avec son ami Jérôme Sorre, dans des romans ou nouvelles de fort belle facture. Une imagination sans limite et une narration parfois poétique et travaillée, pour un fantastique que l'on peut qualifier de classique. Un peu à la façon de ces vieux maîtres que furent Rosny Aîné, Sheridan le Fanu, et quelques autres, qui écrivaient avec joliesse. Mais l'on ne peut s'empêcher de penser au Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde et au Portrait du mal de Masterton, sans que pour autant ce roman soit une parodie de l'un ou de l'autre. Il s'agit bien d'une oeuvre personnelle permettant de découvrir un artiste, une ville, et une intrigue judicieusement ficelée.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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