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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
C'est avec une très grande surprise que je lis mes mails en apprenant le résultat de la masse critique spéciale fiction et non fiction de Babelio, j'ai donc reçu Trois gouttes de sang et un nuage de coke.
Je viens tout juste de le finir, ce livre se lit rapidement même si j'ai eu quelques difficultés à entrer dans l'histoire au début.
Mais avant de parler de l'histoire parlons du livre en général, j'ai beaucoup aimé la couverture, en plus du résumé en quatrième de couverture, c'est elle qui m'a incité dans mon choix pour la masse critique. Elle est assez sobre mais l'image annonce tout de suite la couleur concernant l'histoire du livre.
Par contre, je trouve qu'au niveau de l'écriture les pages sont écrites en blocs, et malheureusement ça aide pas beaucoup pour rentrer dans l'histoire.
Est-ce un choix de l'éditeur ou de l'auteur ?
Je ne sais pas, mais j'aime bien lire des livre quand c'est plus aéré, quand il y a des paragraphe. Heureusement que les dialogues cassent ces blocs qui se suivent pages après pages.
Mais bon ce n'est qu'une histoire de goûts, certains aiment, d'autres moins.
Passons à l'histoire, en lisant le résumé, on s'attend à un polars assez noir, je m'attendais à plus de description de scènes de crimes, d'un peu plus de détails sur l'enquête.
A la lecture des premiers chapitres, plusieurs personnages apparaissent, il faut planter le décors.
Tout commence par le meurtre d'un homme retrouvé dans son pickup dans un quartier de la ville de Boston, et on se rend vite compte que l'histoire va tourner autour des deux personnages principaux :
McCarthy et Franck.
Le premier est un flic bon sous tous rapports, avec sa petite vie tranquille avec sa famille.
Le deuxième, est particulier (c'est la manière dont je l'ai ressenti). C'est un détective privé, cocaïnomane, et toujours accompagné de sa 300C noire.
Mais, on a du mal à le cerner, on se demande ce qu'il fait là, on a l'impression qu'il est comme un cheveux sur la soupe. Au fil des chapitres, on découvre l'univers pathétique dans lequel il vit ce qui rend ce personnage atypique. On a envie de le suivre dans le moindre de ses faits et gestes, savoir ce qu'il va faire et pourquoi il va le faire. On veut le suivre dans son investigation, savoir comment est ce qu'il va parvenir à ses fins.
Sans dévoiler l'histoire de ce livre, j'ai un sentiment d'inachevé, de frustration, car l'intrigue est vraiment très intéressante mais pour arriver au dénouement plusieurs éléments sont dévoilés sans être approfondis. Il nous manque des réponses, donc on se pose beaucoup de questions.
Encore une réaction sans doute voulue intentionnellement de la part de l'auteur...mais ce n'est que mon point de vue.
Il y a une chose très intéressante dans cet oeuvre, c'est la place de la culture.
Notamment par les diverses citations révélés avec leurs auteurs au début du roman ou précédant divers chapitres, mais aussi avec les lectures effectuées par le personnage de Franck, à travers la réception chez monsieur et madame le Carré et bien sûr la visite du musée des Beaux-Arts de Boston avec le flûtiste, Lyllian.
J'aurai aimé en savoir plus sur les personnages de Lance le Carré, Ernest Caron et même Franck. Et en savoir d'avantage sur leur histoire, car elle est à peine racontée. Enfin, c'est mon ressenti, c'est pour cela que j'ai un sentiment de frustration.
Je ne connaissais pas l'auteur, Quentin Mouron, mais ça m'a rendue curieuse de lire ses autres livres.
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En ce qui concerne les polars, je ne crois pas être quelqu’un de difficile…

Rien que sur les six derniers mois, quatre Thilliez, deux Commère, le dernier Vargas… Bon je ne dirais pas que tous sont des chefs-d’œuvre, mais en général quand je rentre dans un polar, j’ai du mal à en sortir. Ca me le fait pas que pour les polars d’ailleurs... avec ma femme c’est pareil.

D’ailleurs je me pose une question : ce livre est-il vraiment un polar ?
Allez hop, un p’tit coup de Littré.
Tiens d’ailleurs, aucune critique du Littré sur Babelio. Allez, qui s’y colle ? Et après lecture in extenso, siouplaît, pas d’excuse à la mords-moi-l’nœud du genre « Je suis pas allé au bout, c’était pas intéressant » ou « De toute façon on m’a raconté la fin ».

Donc un p’tit coup de Littré. Edition 2006 pour moi. Alors :

Polar : n.m. [polaR] (abrév. de policier) Fam. Roman ou, plus rare aujourd’hui, film policier. Lire des polars dans le métro.

« Lire des polars dans le métro » Tiens, y aurait pas une contrepèterie là ? Je cherche… Avec molards bien sûr, mais le pétro je crois pas que ça existe… Tant pis, si quelqu’un trouve… Ce serait marrant si le Littré était plein de contrepèteries.

Bon alors du coup je tourne la page (du Littré) et je regarde « policier » tant que j’y suis. Des fois que j’y trouverais une contrepèterie…
Et donc je trouve : Roman, film policier, dont l’intrigue est fondée sur une affaire criminelle.

Bon, je suis renseigné, Trois gouttes de sang et un nuage de coke est bien un polar.

En un sens ça me rassure, je me disais il y a quelques temps, c’est bizarre, tous les polars que je lis, je les trouve captivants, bien pensés, parfois même bien écrits, je dois pas avoir d’esprit critique…

Et finalement, si, j’en ai, parce que là… comment dire… je me suis un poil emmerdé tout de même. Pas tout le temps non plus mais…

Alors, que je vous explique un peu.

Au début, ça démarre bien, comme souvent dans un polar, on rentre vite dans le vif du sujet.
Présentation des personnages principaux : McCarthy, shérif d’une petite ville de la grande banlieue de Boston, et Franck, détective privé de passage dans la ville, élégant, décalé, cocaïnomane… étrange pour tout dire. On en apprendra de plus en plus à propos de Frank, tout au long du livre. Avec en fin de compte, je trouve, l’impression de ne pas avoir fait le tour du personnage. Comme s’il nous avait manqué des éléments, comme si l’auteur avait oublié de nous faire part de certaines choses.

Et bien sûr le crime : un retraité de 70 ans, retrouvé égorgé et les yeux crevés dans son pick-up, sans mobile apparent.

A priori tout est là pour une bonne histoire, il y a plusieurs pistes, des personnages secondaires intéressants, la mafia et la drogue qui s’en mêlent…

Mais la mayonnaise ne prend pas. Le récit est comme entrecoupé de digressions, non sans rapport avec l’histoire, mais n’y apportant à mon sens pas grand-chose. Digressions de Franck ? Ou de l’auteur lui-même ? La frontière n’est pas claire… Digressions sur le genre humain et sa fatuité. Digressions sur l’art et les musées.

Et une fois le livre refermé, une impression de frustration. Certaines questions concernant l’enquête sont restées sans réponse. Comme par exemple,
Il peut rester des zones d’ombre, tout ne se doit pas d’être tiré au clair, mais cet élément, quand il surgit, est présenté comme un nouvel indice, comme un tournant de l’enquête. Et on a finalement l’impression que l’auteur a oublié de l’exploiter par la suite, de lui donner une explication qui cadre avec le reste et nous mène au dénouement.

J’ai été déçu par ce livre mais Quentin Mouron est un jeune auteur, qui a assurément de bonnes idées et le temps de progresser. A voir dans quelques années…

Merci à Babelio et aux éditions de La Grande Ourse d'organiser et de participer à Masse Critique.
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La nouvelle édition de L'Histoire de la Littérature en Suisse Romande publiée sous la direction de Roger Francillon contient désormais un chapitre consacré au polar romand, ceci grâce à l'expertise avisée de Giuseppe Merrone. Puis s'il faut s'éloigner de nos régions et s'ouvrir au monde, je ne saurais que trop conseiller le Dictionnaire des Littératures Policières, rédigé sous le contrôle expert de Claude Mesplède permettant ainsi de se familiariser avec un genre littéraire extrêmement vaste qui ne supporte guère les assertions généralistes de Quentin Mouron (https://www.youtube.com/watch?v=D4oq2fLh7ZI), jeune auteur suisse romand inspiré, faisant état d'une absence de style due, entre autre, à la piètre qualité des traductions. Mais qu'à cela ne tienne, avec Trois Gouttes de Sang et un Nuage de Coke et L'Age de l'Héroïne, ce romancier prometteur et ambitieux aspire à relever le niveau avec deux polars narrant les tribulations d'un jeune dandy désenchanté, féru d'ouvrages anciens et exerçant la profession de détective privé.

A Watertown, obscure banlieue de Boston, on découvre, dans son pick-up, le corps mutilé d'un retraité sans histoire. En charge de l'enquête, le shérif McCarthy va tout mettre en oeuvre pour découvrir l'auteur de ce meurtre odieux. Il croisera sur son chemin Franck, un jeune détective dandy qui entretient son spleen à grands coups de lignes de cocaïne. Un jeune homme désabusé, un shérif en proie aux doutes existentiels, les deux hommes vont mener leurs investigation en parallèle. Il faut dire que les démarches de Frank manquent parfois d'une certaine ligne déontologique.

A n'en pas douter, Quentin Mouron tient son pari en nous livrant un texte au style aussi affirmé qu'enflammé. Les phrases sont belles, ciselées avec soin et régulièrement agrémentées du mot précis, parfois un brin désuet donnant à l'ensemble cette belle sensation de maîtrise linguistique. Pourtant le verbe soyeux, la phrase racée ne sauraient masquer longuement cette indigence de taille qu'est l'absence totale d'intrigue que l'on perçoit très rapidement au fur et à mesure de la progression d'un roman dissonant et décousu. Car Trois Gouttes de Sang et un Nuage de Coke débute véritablement comme un roman policier avec un crime à résoudre par un duo d'enquêteurs menant leurs diverses investigations. Mais loin de vouloir exploser les codes du genre, Quentin Mouron s'en désintéresse totalement pour se lancer dans une diatribe sociale extrêmement convenue, virant parfois à la farce, comme cette confrontation entre Franck et le célèbre auteur de polars James Ellsor. C'est d'ailleurs probablement au travers du portrait peu flatteur de ce romancier grossier, aux manières frustres, que l'on perçoit toute la considération que l'auteur porte pour le genre policier. Dès lors, on pourrait estimer que Quentin Mouron s'oriente vers le roman noir, type social. Mais il n'en est rien car les thématiques exposées n'entrent aucunement dans une logique visant à alimenter le crime ou l'intrigue d'une histoire échevelée. Ainsi le lecteur est rapidement désorienté comme livré aux réflexions d'un auteur qui ne parvient plus à se dissimuler derrière ses personnages, donnant cette impression confuse de faire face à un être protéiforme qui endosserait les différentes personnalités de protagonistes totalement désincarnés. L'art et la critique, l'obsolescence programmée d'une vie morose et le clivage social des différentes castes composant une société seront autant de thèmes évoqués dans une série d'analyses sociétales aussi pompeuses que prétentieuses.

Avec cet étrange enquêteur dandy, on pense bien évidemment au chevalier Dupin, personnage récurrent des contes d'Edgar Allan Poe lui-même natif de Boston, ville dans laquelle se déroule une partie du récit de Quentin Mouron. Force est de constater qu'il s'agit de références bien trop pesantes, mettant davantage en exergue cette indigence narrative à laquelle le lecteur est confronté. On se tournera dès lors vers le second opus de Quentin Mouron, L'Age de l'Héroïne où l'on retrouve pour la seconde fois notre détective privé atypique.

Brad Medley a du souci à se faire. Il n'a jamais récupéré la drogue livrée par les mexicains. Un manque à gagner considérable qui risque de plomber sa petite entreprise et de le conduire rapidement du côté du cimetière. Il charge donc Franck de récupérer la marchandise qui aurait disparue lors d'un échange dans la région de Tonopah, un trou paumé du Nevada. Il y rencontrera Léah, un jeune serveuse farouche qui officie au Jenny's Dinners, un routier miteux où viennent échoir quelques âmes brisées. Une rencontre qui ravive l'intérêt de Franck pour le genre humain. Mais il y a la cargaison d'héroïne qu'il faut retrouver rapidement.

Dans L'Age de l'Héroïne, on retrouve immédiatement la qualité d'écriture de Quentin Mouron. Les phrases sont plus courtes, plus incisives, mais le style est puissant et flamboyant. Néanmoins, L'auteur renonce toujours à cette envie de nous raconter une histoire et se contente du service minimum avec une intrigue archi convenue. On a la sensation de lire des chutes de plusieurs textes inachevés que l'on aurait rassemblés tant bien que mal pour fournir un roman bancal. C'est d'autant plus regrettable que l'ouvrage n'est pas exempt de quelques belles scènes originales à l'instar de la rencontre entre Franck et une libraire allemande, spécialisée dans les livres anciens et dont le funeste destin laissait présager quelques bons moments de lecture. Puis sans crier gare, de Berlin, on se retrouve dans ce trou perdu du Nevada pour passer en revue quelques personnages stéréotypés qui ne présentent aucun intérêt à l'exception de Léah, cette jeune serveuse mystérieuse. Malgré ce beau personnage qui aurait mérité davantage de développement, le récit s'enlise dans une tragique banalité qui, rapidement, ne présente plus aucun intérêt hormis peut-être ce constat cruel que le polar n'est pas à la portée de tous les écrivains, aussi talentueux soient-ils.

Un style allié à une absence d'intrigue. Avec les deux romans de Quentin Mouron le lecteur aura la désagréable sensation d'avoir fait l'acquisition de deux belles boîtes savamment travaillées ne contenant que du vide. Tout ça pour ça. Dommage.
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Je crois que ce livre devrait être lu deux fois. C'est ce que je me suis dit après l'avoir refermé, mais, je n'en ai pas eu le courage. Deux lectures pour peut-être dissiper le malentendu. Ai-je lu un polar ? Un thriller ? Un roman social ? La 4ème de couverture laisse à penser que c'est un peu tout ça à la fois, et je crois effectivement qu'il faut l'accepter ainsi, sans à priori. Pourtant, on a un sentiment d'inachevé une fois parvenu au terme de ces 221 pages, et le « dénouement » est… inhabituel et déroutant (ou alors, j'ai pas tout compris).
J'ai souvent eu le sentiment de lire le compte-rendu des séances de psy de l'auteur… Est-ce lui qui parle à travers son détective au nez poudré qui a la sentence vindicative ? Ou encore et surtout à travers le romancier du livre lorsqu'il parle, des auteurs, des éditeurs, des critiques et des lecteurs ?
Oui, il y a beaucoup de digressions sur la nature humaine - forcément corrompue - l'art, la littérature, l'Homme en général. C'est bien écrit, avec des mots désuets parfois, élitistes, dont j'ai dû aller chercher la définition dans le dico (c'est bien, on se cultive !). Mais c'est parfois longuet. Par contre, certains chapitres sont de splendides mises en scène comme le dîner mondain, ou le club Jaguar. D'autres arrivent comme un cheveu sur la soupe. Ainsi cet épisode où le détective rencontre un couple de Québécois obèses dans une station-service. L'homme pique des petits pois congelés. C'est amusant dans les faits, mais on se demande ce que ça vient faire dans l'histoire à part permettre au héros-auteur quelques digressions philosophiques. Quentin Mouron a-t-il piqué des petits pois congelés dans un relais Esso, ou bien a-t-il assisté à cette scène ? Mmmh, ça sent le vécu.
In fine, on en arrive à oublier le pourquoi du comment (qui a tué et pourquoi) parce que l'auteur s'intéresse plus aux ressentis des personnages, tous ou presque pourvus des options : vices, corruption et mentalité pourrie. Ainsi le toubib est alcoolique, un flic est bien aimé du shérif « malgré ses excès de violence », l'autre est stupide et intransigeant – produit d'une culture protestante radicale et d'un excès de jeux vidéo -, un troisième est le flic-repoussoir type. On est dans un univers angoissant, où nulle rédemption n'est permise, où la noirceur du monde a contaminé chacun et chacune. L'auteur regarde ses personnages comme un entomologiste le fait avec des insectes. Ainsi, il le fait dire à son héros détective qui place « son émerveillement dans la distance qui le sépare de ces personnages curieux, comme un intellectuel s'enthousiasme pour la simplicité des moeurs d'une tribu primitive, les enviant même un peu, sans pour autant vouloir un seul instant leur ressembler ».
Il y a des belles choses dans ce livre, des lignes qui m'ont fait sourire, d'autres m'interroger, mais le tout semble déconstruit, comme si je n'avais pas eu le mode d'emploi pour – bien – le lire. Je crois qu'il mérite un effort de lecture, et donc de re-lecture.
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Je pense qu'au final ce qui m'a le plus manqué dans ce roman, c'est le peu d'action et d'informations sur l'enquête, le fait que le polar est plus centré sur les enquêteurs et autres personnages adjacents à son bon déroulement, m'a freiné dans mon rythme de lecture. Même si en somme je ne garde pas un mauvais souvenir de cette courte histoire qui m'a permise de me plonger dans un univers très sombre, dans le milieu peu réjouissant de la drogue. Un polar à lire si vous êtes adepte du genre et si, comme moi, vous voulez vous initier, pourquoi pas le découvrir par son nombre de pages assez réduits. Un bon polar qui n'a pourtant pas réussi à me charmer.
Lien : http://booksetboom.blogspot...
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Aïe aïe aïe, me voici doublement embêté. D'une part ce roman est un cadeau, et d'autre part, je n'aime pas dire du mal des petites maisons d'édition. Mais force m'est de constater que je n'ai pas particulièrement apprécié ma lecture. Si le style de l'auteur est dynamique, vif, punchy même pourrait-on dire en bon français, le contenu ne me sied point à plusieurs niveaux. D'abord, l'enquête est mal ficelée et des zones restent obscures une fois le livre refermé. Ensuite, les digressions ne sont pas toutes intéressantes ni de même valeur, certaines sont carrément ennuyeuses. Et enfin, le ton général du roman ne m'a pas plu du tout. Franck est un dandy, un homme en recherche de la pureté. Pour cela, tout ce qui n'atteint pas ce stade n'est pour lui pas digne d'intérêt. Ce n'est pas vraiment ce postulat qui me gêne, au contraire, il y a de quoi bâtir un personnage pas banal, ce que fait bien Quentin Mouron. Mais le travers est de tomber dans un discours un poil méprisant et défaitiste, celui des blasés de tous poils, et là l'auteur n'évite pas l'écueil. Et c'est fort dommage d'ailleurs, car son shérif McCarthy, humaniste, est trop peu présent dans le texte, il aurait fait un merveilleux contre point au pessimisme, à l'élitisme et au mépris de Franck. En sortant de cette lecture, on hésite entre se bourrer la gueule pour oublier ou aller se pendre dans le chêne au fond du jardin... voire les deux... heureusement pour moi, je n'ai pas de chêne, et mon naturel résolument optimiste reprend vite le dessus. Bon, là, on va me rétorquer que je suis naïf, que l'on ne fait pas de bons romans avec de bons sentiments... mais je sais cela, et je ne demande pas de bons sentiments, je dis même que si le shérif McCarthy avait eu une place égale à celle de Franck, les deux discours auraient été plus forts car contradictoires.

Je dois avouer aussi ma déception quant à la profondeur des personnages, esquissés mais pas fouillées : on ne connaît quasiment rien d'eux sauf la détestation de Franck pour la vie de McCarthy -et de tous les autres bouseux qui ont la malchance d'avoir une femme des enfants un pavillon une voiture et un chien... ouf, j'échappe de peu au stéréotype, je n'ai pas de chien... mais une chatte obèse (je laisse ici quelques secondes pour les ricanements qu'en général ce propos génère, je ne fais pas la fine bouche, moi-même en le disant, il m'arrive de rire)

Malgré tout, ce roman possède de bons arguments : une écriture vive, des changements de rythme, de belles références, j'ai vu en Franck, ce dandy décadent que plus rien n'étonne un peu de Dorian Gray, qui au lieu d'un portrait porterait un ou des masques : "Vous voyez en moi un homme assuré : allons, vous êtes peut-être plus courageux que moi ! Vous me demandez qui je suis... Que répondre ? Un masque, je suis un masque. Appliqué tant bien que mal sur un éclatement, et qui glisse, glisse. La colle tient mal au gouffre." (p.197/198). Tout n'est pas négatif, je pense que l'auteur a de la ressource, mais la posture de poète maudit peut agacer, moi personnellement, elle magace.
Lien : http://lyvres.fr
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