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Critique de ATOS


On tranche, on brûle, on juge, on sentence, on chasse, on pend. Au nom d'une loi, au nom d'un dieu, ou au nom d'une idéologie. Tous les crimes contre l'humanité ont leurs penseurs. Discours ou prêche, défilé ou procession, à chacun ses martyrs, à des millions : des fosses communes ou le silence d'une montagne de cendres.
Livre indissociable de la vie de Sandor Marai. Fuyant la guerre, le fascisme, le stalinisme, son écriture récite la seule prière digne d'être lue parmi les hommes : « Savoir vaut davantage que croire ».
Nous sommes au 16e siècle. Rome. L'inquisition espagnole veut apprendre de la grande inquisition italienne. Procès, tortures, exécutions. On rédige, on instruit, on prend note. Grand traité, petit manuel du parfait inquisiteur. Giordano Bruno ne lâchera rien. L'univers infini, existe, nous le savons. Mais celui qui ne fait pas d'un dieu ou une d'une idéologie le centre du monde est coupable d'hérésie. Hérésie ...du grec αἵρεσις / haíresis : choix, préférence pour une idée ou pensée.
Un choix, ...une liberté. A parler librement, à penser librement. Penser par exemple qu'  « un homme est peut compter plus qu'un troupeau ». S'interroger : «  Qu'est-ce qui est préférable : l'insouciance dans un endroit où l'on ne peut rien écrire ouvertement ou l'inquiétude dans un autre où l'on peut scribouiller en liberté ? »
Ce qui est remarquable dans ce roman c'est la malheureuse éternité de ce qu'il contient et l'espoir qu'il recèle.
C'est également ce que ce 16e siècle, et les siècles qui l'ont précédé, colportaient déjà à notre porte.
Ce que l'histoire engendre, porte dans ses entrailles. Ce que l'on peut y lire, ce qu'il faudrait comprendre, ce qu'elle annonce.
« Là où l'on brûle les livres, on finit par brûler des hommes. » écrivait Heinrich Heine, .. et là où on brûle un homme, tout est fini.
Effroyable récit où l'on voit un peuple, une société entière, du plus petit au plus grand, du plus riche au plus pauvre, tous être certains.
Certains. Certains de ce qui est dit, proclamé, jugé, certains , sans qu'aucun doute, sans qu' aucune question ne viennent arrêter la main du bourreau. Assassins de bonne foi. Où commence la complicité , où s'arrête la soumission ? L'habit ne fait pas le moine, quelque que soit son obédience.
Comment alors reconnaître un diable ou un bon dieu ? Et si tout cela , pour finir, ne regardait qu'eux..
Et quant aux hommes.. il leur reste l'avenir pour faire infiniment mieux.

Astrid Shriqui Garain





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