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Critique de myrtigal


Après avoir découvert Sándor Márai avec le court roman L'héritage d'Esther il y a quelques mois, que j'avais plutôt aimé, j'ai décidé de poursuivre ma découverte et de m'orienter vers une oeuvre un peu plus longue. J'ai choisi le premier amour car le résumé m'avait beaucoup plu et surtout il montrait que le livre ne tournait pas seulement autour d'une histoire d'amour, contrairement à ce que le titre laissait penser, mais d'abord autour de la solitude d'un homme. (Ceci dit l'histoire d'amour est tout de même mentionnée)

C'est donc l'histoire d'un homme de 54 ans, professeur de latin au lycée dans une petite ville d'Hongrie. Un homme fort solitaire, peu sociable et replié sur lui-même, qui décide un jour de commencer une sorte de journal intime qu'il appelle cahier.
Voilà grosso-modo la trame de l'histoire, car il n'y a littéralement rien d'autre, pas d'action ni de rebondissements ou d'événements marquants. Seulement un homme seul qui se parle à lui même jour après jour. C'est lent. Et c'est là je trouve toute la force de ce roman et également la raison pour laquelle il m'a tant plu. C'est beau la lenteur.
J'ai eu peine à croire de Sándor Márai ait écrit ce roman à 28 ans... une telle capacité de dissection des émotions humaines est absolument remarquable, mais surtout comment peut-on à 28 ans se glisser aussi bien dans l'esprit d'un homme seul de 54 ans ? Prodigieux.

Ce roman m'a plu et ému à bien des égards, mais tout d'abord je me suis attaché au professeur. Cet homme à la vie bien rangée, bien calculée et pourtant si vide au sens on la société l'entend ; ni famille, ni amis, ni amours, et pourtant il semble à l'aise dans ce mode de vie choisie, rythmé seulement par ses cours au lycée, ses visites au "Cercle" (sorte de club), et ses promenades quotidiennes solitaires. Cependant avant la rentrée scolaire il est parti quelques jours en "vacances" (la première fois depuis 30 ans) dans une station balnéaire, là bas il a fait la rencontre d'un homme singulier, Timar, qui va malgré lui, énormément le marquer et l'émouvoir. Et c'est à la suite de cette rencontre et à son retour chez lui que va commencer une sorte de chamboulement intérieur qui le poussera à continuer à écrire dans son cahier.
On va donc lire tout au long de l'année ses tribulations, ses remises en questions, ses doutes et ses peurs. Mais aussi ses réflexions sur la vie, sur la vieillesse ou sur la mort. Sans oublier ses tracas quotidiens avec ses élèves et ses collègues. On va découvrir un homme extrêmement touchant, plein de tolérance et de bonté, malgré quelques "rudesses" due à son asocialité.
Un homme qui essaie de se comprendre lui même et de mettre des mots sur ses maux.
Puis c'est à plus de deux tiers du roman que l'histoire d'amour commence à se profiler à l'horizon, aussi foudroyante qu'inattendue sur fond de rivalité écolière, elle va finir de chambouler ce cher professeur. Même si le roman aurait pu tout aussi bien se terminer sans histoire d'amour qu'il m'aurait toujours autant plu, je dois avouer que ce léger "rebondissement" m'a plutôt scotchée.
La toute fin du roman m'a laissé un peu perplexe je dois dire... j'ai eu l'impression que certaines choses n'avaient pas été éclaircies (ou est-ce moi qui n'ai pas compris ?).

Bref, un roman beau, profond et d'une psychologie rare. Un coup de coeur.
J'avais eu l'occasion d'entre-apercevoir le talent de Márai dans L'héritage d'Esther mais là, c'était vraiment autre chose. J'ai plus que hâte de me ruer sur ses autres oeuvres !
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