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Critique de AlombreDesNenuphars


Comme toute bonne série, il faut un héros : c'est le commissaire Kostas Charitos, marié à la vaillante Adriani, et père de la formidable avocate Katerina. On mène l'enquête avec Kostas, pas un Sherlock Holmes mais un fameux lecteur de l'âme humaine et fin connaisseur des rouages et travers de la société (et de l'administration !) grecque contemporaine. le pacte avec le lecteur de polar est respecté : meurtres, indices, interrogatoires, résolution.
Toutefois, il me semble que l'attrait principal de cette série tient davantage au talent de Markaris pour décrypter ses contemporains. Les premiers titres ont été écrits au cours de la décennie dorée des années 90 ; le dernier est paru en 2016 en grec (non encore traduit). Avec les sept tomes parus chez Points, si on prend le temps de lire attentivement, on balaie donc l'histoire récente d'Athènes et de ses habitants. Dans ses premières enquêtes, Kostas roule en voiture, Adriani prépare à manger pour douze lorsqu'ils sont deux et leur fille est étudiante, alors que la Grèce croule sous les subventions européennes et que les banques sollicitent les Grecs jusqu'au harcèlement pour accepter des crédits. Dans le dernier titre, la crise s'est installée (bel oxymore économique !), Kostas galère dans les transports en commun et sa fille qui défend des immigrés a maille à partir avec Aube dorée.
Il y a également un côté pédagogique : chaque enquête est le prétexte à décrypter le fonctionnement de la corruption et des malversations, et à illustrer les travers de la bureaucratie comme de l'Union européenne. L'auteur s'est même amusé en 2012 à imaginer les conséquences de la sortie de l'euro dans son Pain, éducation, liberté, qui se déroule en 2014 avec le retour à la drachme (on flirte donc avec une branche de la science-fiction : la « fiction spéculative » !)…
Tous les grands moments de l'après-Seconde Guerre mondiale sont illustrés au cours de ces enquêtes mêlant situation économique contemporaine et personnages marqués par la guerre civile, la junte militaire ou l'émigration. Mon coeur va bien sûr au superbe personnage de Lambros Zissis, un communiste survivant de la torture pendant la Junte militaire, contrepoint nécessaire au flic qu'est Kostas avec son regard un peu détaché et lucide, mais malgré tout porteur d'espoir. Et de pas mal d'humour et d'humanité.
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