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Critique de Darjeelingdo


« Séfarade : ce mot s'applique aux Juifs bannis de l'Espagne médiévale par le décret du 31 mars 1492, promulgué par les Rois Catholiques » : c'est la définition du dictionnaire. Mais dans le livre d'Antonio Muñoz Molina, il prend un sens beaucoup plus large, de toutes les formes d'exil forcé et d'oppression totalitaire. Je me demandais bien comment j'allais pouvoir parler de ces 17 « nouvelles » quand la dernière page affichée sur ma liseuse (donc sans doute la quatrième de couverture des éditions du Seuil) m'est apparue comme une assez parfaite présentation et je me permets de la partager ici :

« Séfarade, c'est la patrie de tous les accusés, exilés, bannis, chassés de leur quotidien, de leur maison, de leur terre et qui, où qu'ils se trouvent, sont à jamais des étrangers. Séfarade, c'est la patrie de la mémoire, celle des disparus, morts ou vivants, personnages réels ou imaginaires réunis par la fraternité et la solidarité d'un écrivain. Séfarade, ce sont dix-sept chapitres racontant chacun une histoire différente, toutes traversées par des motifs, phrases, personnages qui assemblent un discours dont le thème central est la persécution.
À travers la voix émouvante et forte d'Antonio Muñoz Molina résonnent celles de Primo Levi, Franz Kafka et Milena Jesenska, Willi Münzenberg, Evguénia Guinzbourg, Margarete Buber-Neumann, mais aussi l'attente d'une femme qui ne revit jamais son père, les nostalgies de Mateo le cordonnier, la folie amoureuse d'une nonne ou encore le souvenir d'une rescapée des geôles argentines. Autant d'êtres détruits au plus intime d'eux-mêmes par l'Histoire. »

Séfarade, que l'auteur a lui-même qualifié de "sorte d'encyclopédie de l'exil" est donc un mélange de fictions, de souvenirs, de confidences, de rencontres et d'anecdotes de voyages. On y croise des personnages célèbres et d'illustres inconnus, on voyage en Espagne, en Russie, en Europe de l'Est, à New-York, destinations choisies ou exils forcés qui mèneront , pour certains, aux wagons plombés des camps de concentration.

Le livre ouvre et se ferme sur des souvenirs plus autobiographiques : le retour du jeune Antonio dans sa ville natale, Ubeda, puis le voyage à New-York avec sa femme et la découverte insolite d'un fabuleux
musée , la Hispanic Society of America, créée par un multimillionnaire fou amoureux de l'Espagne et où l'on peut admirer entre autres des tableaux de grands maîtres (Velásquez, Goya , Le Greco) et une bibliothèque d'une grande richesse.

Je ne connaissais que de nom Antonio Muñoz Molina, et j'ai été impressionnée par la richesse de son écriture, ses longues phrases qui pourraient sembler rébarbatives et qui m'ont paru au contraire d'une rare élégance.

Un livre déroutant et envoûtant qu'il faut déguster lentement ( plus de 500 pages quand même !)
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