AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.39/5 (sur 150 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Potsdam , le 21/10/1901
Mort(e) à : Francfort , le 06/11/1989
Biographie :

Margarete Buber-Neumann, née Thüring, est une écrivaine allemande.

Dans les années 1920, elle adhéra au Parti communiste d'Allemagne puis épousa Rafael Buber, un communiste. Le couple eut deux filles puis divorça en 1929. Margarete épousa alors Heinz Neumann, un des leaders du parti. A l'arrivée des nazis au pouvoir, celui-ci se réfugia à Moscou avec Margarete. Mais en avril 1937, il fut victime des grandes purges staliniennes et disparut à tout jamais. Margarete Buber-Neumann resta seule jusqu'en juin 1938 avant d'être à son tour arrêtée par le NKVD.

Lors d'un simulacre de procès, elle fut accusée d'activités contre-révolutionnaires et condamnée à cinq années d'emprisonnement dans un camp de travail. Elle fut alors déportée à Karaganda, au Kazakhstan, où elle passa deux années dans des conditions atroces. En 1940, Staline décida de livrer à Hitler les communistes allemands qui s'étaient réfugiés en Union soviétique et Margarete Buber-Neumann, après deux années de Goulag, fut remise à la Gestapo qui l'interna au camp de concentration de Ravensbrück.

Elle y passa cinq années et se lia d'amitié avec l'ethnologue française Germaine Tillion et avec la journaliste tchèque Milena Jesenská (ancienne compagne de Franz Kafka, elle mourut d'épuisement en 1944 et Margarete écrivit une remarquable biographie afin de lui rendre hommage). De 1942 à 1943, Margarete est l'assistante du gardienne Johanna Langefeld.

En avril 1945, devant l'avancée de l'Armée rouge, la direction du camp décida de libérer un grand nombre de détenues. Margarete Buber-Neumann se lança à pied dans un périple dangereux à travers l'Allemagne pour échapper aux Soviétiques et rejoindre sa famille en Bavière.

En 1949, elle témoigna à Paris lors du célèbre procès Kravtchenko et son récit, qui établit un parallèle entre les camps soviétiques et les camps nazis, représenta un des temps forts du procès. C'était la première fois qu'un témoin irréfutable dévoilait l'existence des camps de déportés politiques en URSS.

Elle témoigna de son expérience dans plusieurs livres.
+ Voir plus
Source : Wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Margarete Buber-Neumann   (5)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Toute sa vie durant, Milena souffrit de sentiments de culpabilité, se méprisant chaque fois qu'elle subissait un échec. Elle ne surmonta jamais la douleur que lui inspira sa rupture avec son père (rejetée par son père à la suite de son mariage avec Ernst Polak au motif qu'il était juif) . A l'époque de ses amours avec Kafka, cette blessure qui ne devait jamais guérir était encore grande ouverte et la tourmentait sans relâche. Qui aurait pu mieux comprendre une telle douleur que Kafka qui, toute sa vie durant, souffrit dans ses rapports avec son père ? Désireux de lui montrer combien il la comprenait, il fit lire à Milena sa "Lettre au père".

Page 89
Commenter  J’apprécie          333
Trois années seulement avaient passé depuis que Heinz avait disparu à Moscou, emmené par le NKVD ; trois années pendant lesquelles je n'avais cessé d'imaginer le sort atroce qui lui avait été sans doute réservé et avais perdu tout espoir de le revoir un jour. Et voici que Milena rouvrait cette plaie. Le désespoir, si péniblement refoulé, m'envahit. Peu nombreux sont ceux qui ont le don de consoler. Savoir consoler, c'est savoir vivre, partager le chagrin de l'autre. Milena, elle, sut m'aider à guérir, elle trouva le chemin de mon cœur.


Camp de Ravensbrück - page 20
Commenter  J’apprécie          282
Perdre sa liberté ne signifie pas, pour autant, ne plus avoir besoin d'amour. Au contraire, le désir de tendresse, le désir de la présence consolatrice d'un être aimé devient plus puissant encore en captivité. A Ravensbrück , les unes cherchaient le salut dans l'amitié de femme à femme, d'autres parlaient beaucoup d'amour et d'autres encore poussaient leur fanatisme politique, voire religieux, jusqu'aux limites de la compensation érotique.

page 60
Commenter  J’apprécie          220
Joachim von Zedtwitz qui voyait alors Milena presque tous les jours, était avant tout fasciné par ses grandes capacités politiques. "A cette époque, raconte-t-il, Milena ressemblait à Churchill. Elle avait les mêmes bourrelets de chair au-dessus des yeux qui exprimaient sa force, la même intelligence formidable dans le regard, une bouche quelque peu asymétrique, avec ses commissures rentrées, un visage exprimant un esprit de décision que rien ne peut arrêter." En fait, la ressemblance avec Churchill n'était pas le fruit du hasard : c'étaient les mêmes dons politiques éminents qui se reflétaient dans des traits de physionomie caractéristiques. "Son écriture révélait aussi ses dons pour la politique, affirme Zedwitz. Son écriture, avec ses jambages bien dessinés, parfaitement parallèles, très nette malgré les fioritures dont elle s'ornait, portait le signe d'un personnalité habitée par des passions multiples et qui s'était disciplinée à force de volonté." Il est intéressant de noter ce que Max Brod dit, lui aussi, de sa remarquable écriture : "Son écriture présente, me semble-t-il une certaine similitude avec celle de Thomas Mann ; c'est là chose très rare car l'écriture de Thomas Mann, dans sa première période surtout, semble être quelque chose d'unique."

Page 186 - Zedwitz et Milena faisaient partie du même réseau
Commenter  J’apprécie          182
C'était souvent la conduite d'un détenu qui faisait qu'il était frappé ou non. On peut dire sans exagération que de nombreux visages, avec leur expression craintive et servile, appelaient les coups des SS. "C'est l'essence même de l'angoisse, disait Milena, on ne peut pas rester en place... Simplement, en restant debout, je fais face calmement à ce que je ne connais pas, je me prépare à affronter cet inconnu... Mais, pour pouvoir le faire, il faut de la force ; et cette force, l'individu ne l'a qu'aussi longtemps qu'il ne sépare pas son destin de celui des autres, qu'il ne perd pas de vue l'essentiel, qu'il a la conscience profonde d'appartenir à une communauté. Dès qu'il n'est plus qu'une conscience isolée, il cherche dans son âme un prétexte pour s'évader. La solitude est, peut-être, la plus grande malédiction qui existe sur terre...
Commenter  J’apprécie          140
Je retrouvai la liberté et exécutai le testament de Milena, J'écrivis notre livre sur le camp de concentration. Peu avant sa mort, elle m'avait dit un jour : "je sais que toi, au moins, tu ne m'oublieras pas. Grâce à toi, je peux continuer à vivre. Tu diras aux hommes qui j'étais, et auras pour moi la clémence du juge..." Seules ces paroles m'ont donné le courage d'écrire cette vie de Milena.
Commenter  J’apprécie          70
En avril, l'autre rein fut atteint. Il n'y avait dès lors plus de salut. J'implorais, dans mon désespoir, l'aide du ciel, je priais le soleil et les étoiles, mais en vain. Plus son état était désespéré, et plus Milena croyait à la guérison. Ce n'est que dans les derniers jours qu'elle sut ce qu'il en était : "Regarde la couleur de mes pieds. Ce sont les pieds d'une mourante. Et ces mains ? " Elle me tendit la paume de ses mains : "Tu vois ? Les lignes disparaissent déjà, comme cela se passe juste avant la mort..."
Commenter  J’apprécie          60
Franz Kafka, avant hier est mort au sanatorium de kierling à Klosterneuburg près de Vienne. le docteur Kafka, écrivain allemand vivant à Prague. Très peu de gens le connaissaient ici, car c'est un ermite, un homme qui connaissait la vie et qu'effrayait la vie. C’était un homme qui faisait peser sur sa maladie tout le poids de la peur de la vie qui habitait son âme. Il était craintif, angoissé, doux et bon, mais les livres qu'il écrivait étaient cruels et douloureux. Il voyait le monde rempli de démons invisibles qui combattent et anéantissent un homme sans défense. Il était clairvoyant, il était trop sage pour pouvoir vivre et trop faible pour combattre.
Commenter  J’apprécie          41
La Gestapo surveillait Milena. Elle reçut bien vite la première convocation, dut subir le premier interrogatoire. On lui demanda si elle fréquentait beaucoup de Juifs, ce à quoi elle répondit d'un air dégagé : "Bien sûr, y voyez-vous quelque objection ?" Puis le fonctionnaire de la Gestapo voulut savoir où se trouvait son ami, un Juif, et elle refusa, bien sûr, de lui répondre. Cela faisait longtemps qu'il était à l'étranger. Puis vint, infâme, la question suivante : "Et votre enfant, il est peut-être d'un Juif lui aussi ?", et Milena de répondre, la voix chargée de regret : "Non, malheureusement pas." C'est alors que le type de la Gestapo perdit son calme et se mit à brailler : "Écoutez un peu : ici, on n'a pas l'habitude qu'on nous réponde de cette façon!", ce à quoi Milena répliqua : "Sans doute. Mais moi, je n'ai pas l'habitude qu'on me pose ce genre de questions ..."
Commenter  J’apprécie          20
[Milena] défend l'idée que les êtres "corrects", sans défauts, ne sont souvent, en rien, les plus sympathiques, mais au contraires fréquemment dangereux et mauvais; tandis que ceux qui ont ce qu'il est convenu d'appeler des défauts leur sont souvent bien supérieurs en tolérance et en bonté. (p.84)
Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Margarete Buber-Neumann (267)Voir plus

Quiz Voir plus

L'Odyssée

Comment s'appelle l'île sur laquelle vit Ulysse?

Calypso
Ithaque
Ilion
Péloponnèse

10 questions
2546 lecteurs ont répondu
Thème : L'Odyssée de HomèreCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..