Au nom de ma mère

L'idée que la nature suivait son cours quand bien même l'univers des hommes sombrait dans le chaos avait quelque chose de curieusement réconfortant.

L'amour était la mesure de tous les désirs humains. Lui seul pouvait abolir les barrières entre riches et pauvres, entre la noblesse et la bourgeoisie, entre toutes les races, et s'accomplir jusque dans la mort...

Le bonheur est une possession que personne ne peut vous arracher.

C'est l'une des bizarreries de l'existence que nous reconnaissions presque toujours le bien quand nous le rencontrons alors que notre instinct nous avertit rarement de la présence du mal.

L'existence inflige de nombreuses blessures à l'être humain. Les plus graves sont invisibles car enfouies dans l'âme.

La question de font qu'elle avait dû se poser était la suivante : comment choisir parmi les objets qui ont constitué toute votre vie quand ils doivent impérativement tenir dans une valise ?
Elle avait longuement ruminé cette question et en était arrivée à la conclusion sagace que tout ce qu'on pouvait briser, couper en morceaux ou détruire d'une manière ou d'une autre, bref, tout ce qui avait une consistance physique et était fabriqué par l'homme, ne serait jamais aussi précieux que les souvenirs qu'elle pourrait emporter en quantité inépuisable. Dès lors, la tâche fut facile et elle put refermer les valises sans avoir besoin de s'asseoir sur elles.

Malgré sa jeunesse, elle savait déjà que ce qu'on désire le plus ne se réalise jamais comme on l'avait imaginé.

Elle songea que le temps était la plus cruelle unité de mesure de la Création, car il agissait toujours à rebours des aspirations humaines. Et, dans les moments de tristesse, il était particulièrement résistant et inerte.

Aux yeux de Gustav, les enfants étaient la preuve de l'existence de la raison, et les adultes la preuve qu'on peut compliquer et déformer des vérités simples au point de les rendre méconnaissables. C'était selon lui l'origine de toutes les guerres.

Au fond, les animaux sont plus intelligents que les hommes. Ils ne connaissent ni la prétention, ni les différences de races, ils n'éprouvent pas le besoin irrépressible de se mettre en valeur, ils ne sacrifient pas tout au pouvoir et ils ne tuent jamais leurs semblables par haine ou parce qu'ils sont différents d'eux. Ils tuent seulement pour survivre. L'homme, en revanche, est l'artisan de son malheur.