Les ouvrages de tous les auteurs que l'on trouvait reliés en cuir fin dans la bibliothèque de Gustav, parmi lesquels ceux d'Heinrich Mann et de son frère Thomas, le prix Nobel de littérature, d'Heinrich Heine et de Kurt Tucholsky, périrent dans les flammes.
- " Là où l'on brûle les livres, on brûlera un jour des hommes" dit Gustav à Elisabeth en citant Heine.
Quel cours aurait pris le destin de l'Europe si Hitler avait été admis à l'Académie des beaux-arts de Vienne ? Une seconde guerre mondiale aurait-elle éclaté ? Aurait-on lancé la première bombe atomique ?
L'expansion du communisme aurait-elle été moins importante, de même que la guerre froide qui en aurait resulté ? L'Allemagne et Berlin auraient-elles été divisées et le mur de Berlin aurait-il -il été construit ?
« Tout cela est vraiment aussi triste que stupide, songeait Gustav.
Le monde pourrait être un paradis si seulement les hommes étaient capables de vivre en paix » ..
« L’instinct du mal ressemble d’abord à un passant ,
puis à un invité et enfin au maître de la maison » .
Talmud. , Bavli Sukka 52.
On dit que le poids de la vérité est trop lourd à porter même pour Dieu.
La vérité possède ses propres lois physiques. Au moment où on l'attend le moins, elle remonte à la surface comme une bulle pour nous accuser.
« Tout le monde était devenu méfiant et inquisiteur .
Ceux qui autrefois possédaient peu vivaient du jour au lendemain dans l’abondance et ceux qui comptaient pour rien avaient soudain de l’influence et du pouvoir .
Et qui détenait du pouvoir le faisait savoir au plus grand nombre possible .
Et ceux qui n’avaient fait de mal à personne devenaient des victimes » ...
Les Allemands au chômage et affamés perdaient tout espoir d'un avenir meilleur. Ce n'était plus la politique qui les guidait, mais la misère, un terreau dangereux sur lequel poussent les pires manigances et tous les extrémismes.
Le bonheur est une possession que personne ne peut vous arracher.
« Le mur de refoulement qu’elle avait érigé contre la souffrance commençait à s’effriter .
Elle éprouvait envers les passagers des camions de la pitié et comme un sentiment de responsabilité » ...
L'âme juvénile de Deborah qui, quelques jours plus tôt, débordait encore d'aspirations et d'espérance, s'était brisée cette nuit là dans un cri de deuil et de haine. C'était désormais la haine qui l'animait, en une mutation née de l'amertume et de la souffrance.