Citations sur Sauveur & fils, tome 1 (161)
Ce jour-là, Sauveur lui fit égrener le chapelet des villages de pêcheurs logés dans des anses, Anse Cafard, Anse d’Arlet et, perdu en mer, comme un gros grain échappé du chapelet, le rocher du Diamant. Puis il l’entraîna au marché, où des commères vendaient des piments z’oi- seaux, des caramboles étoilées, des patates douces, des cristophines et des anthuriums. L’une d’elles, un plateau en osier suspendu à son cou par une celle, agitait une clochette en appelant les clients : « Bien grillées, les pis- taches, bien grillées ! » Sa voisine sortait à la demande des boudins noirs de son chaudron. « Poissons wouges, poissons wouges, criait une autre, volés bleus, volés bleus ! » Les épices, s’échappant des grilles du marché couvert, par- fumaient la rue par bouffées de curry, poivre, cannelle, muscade, bois d’Inde, girolde.
Face à la mer turquoise, que survolaient des libellules et des papillons blancs, ils déjeunèrent d’acras et de tomates à l’ombre d’un cocotier, et Sauveur, au faîte du bonheur, se compara à Robinson Crusoé.
il ne décida pas de le prendre en filature, puisque aucun centre décisionnel n’avait encore été officiellement repéré dans son cerveau, mais il lui emboîta le pas. Après le carrefour, l’homme à la capuche se dirigea tout droit vers le Mc-Donald’s, où il entra. Gabin sentit son estomac gargouiller et – bien sûr sans réfléchir – entra, lui aussi.
Ce fut suffisant pour que Margaux prît feu. Sa mère était dépressive, déprimante, angoissée, chiante.
– Je ne peux pas faire un pas dehors sans qu’elle me ique. Si je vais voir une copine, je dois lui envoyer un SMS avec un A pour dire que je suis A... rrivée. Et quand je quitte ma copine, je fais un P.
– Tu fais un pet ? répéta Sauveur, un peu largué.
– Un P pour dire que je suis P... artie!
– Ça prouve juste une chose, que ta mère veut te
savoir en sécurité. Je comprends que ce soit embêtant pour toi, mais elle pense bien faire.
– Vous n’avez rien d’autre à me sortir ? Parce que ce n’est pas la peine d’avoir fait des études de psychologie...
Ce fut suffisant pour que Margaux prît feu. Sa mère était dépressive, déprimante, angoissée, chiante.
– Je ne peux pas faire un pas dehors sans qu’elle me ique. Si je vais voir une copine, je dois lui envoyer un SMS avec un A pour dire que je suis A... rrivée. Et quand je quitte ma copine, je fais un P.
– Tu fais un pet ? répéta Sauveur, un peu largué.
– Un P pour dire que je suis P... artie!
– Ça prouve juste une chose, que ta mère veut te
savoir en sécurité. Je comprends que ce soit embêtant pour toi, mais elle pense bien faire.
– Vous n’avez rien d’autre à me sortir ? Parce que ce n’est pas la peine d’avoir fait des études de psychologie...
Ce matin, les CE2 de Madame Dumayet étaient encore sous tension après les attentats terroristes des 7 et 9 janvier. Certains d’entre eux avaient déposé une fleur ou un crayon auprès de Marianne, place de la République, en hommage aux journalistes assassinés.
-C’est vrai qu’on peut vous tuer si on fait des dessins ? s’était inquiété Paul.
-Mais c’était des dessins pour se moquer, lui avait répliqué la petite Océane. Hein, maîtresse, tu as dit qu’il fallait pas se moquer ?
-Moi, avait déclaré Noam, je suis juif. Il y a des méchants qui vous tuent juste parce qu’on est juif.
-C’est des nazis d’Hitler.
-Non, c’est des arabes.
-Mais je suis arabe ! avait protesté Nour.
Madame Dumayet, la maîtresse des CE2, avait essayé de leur répondre en son âme et conscience mais elle s’était sentie très démunie.
Madame Dumayet, n'ayant pas perdu de vue la nécessité pour l'écolier français de travailler en groupe, redémarra aussi ce mardi l'activité d'écriture collective. On arriva en milieu de matinée à un tel paroxysme d'autonomie participative que la maîtresse, qui au début de sa carrière exigeait d'entendre une mouche voler, n'aurait même pas entendu un avion à réaction.
(p. 167)
Madame Dumayet, suite à une conférence pédagogique donnée par monsieur l'Inspecteur, avait découvert la semaine précédente que l'écolier français manquait d'autonomie. Portant sur ses épaules l'avenir de la nation, elle afficha au mur de sa classe, grâce à ce soutien indéfectible du pédagogue qu'est la Patafix, un
TABLEAU DES RESPONSABILITÉS
(p. 166)
- Tu es fort, apprécia Lazare, qui était tellement fier de son papa.
- Oui, confirma Saint-Yves en le soulevant de terre pour le planter au-dessus des bagages.
Puis il se dirigea vers la sortie et, tout en contournant la vitre qui le séparait pour quelques secondes encore de Louise, Paul et Alice, il chantonna : "La peau, la peau fwomage, laissez les hommes passer..." Non seulement il savait pourquoi il était revenu, mais il savait pour qui.
- Ce serait bien si la société n'avait pas plus de préjugés qu'une enfant de 5 ans, remarqua Sauveur, regardant la fillette.
- Malheureusement, dès 14 ans , ça se gâte, répliqua Charlotte.
Comme Papa connaissait déjà la devinette des éléphants (qui n'ont pas d'ordinateur parce qu'ils ont peur des souris), Lazare lui posa celle des girafes.
- Pourquoi elles ont un long cou ?
- Pour attraper les feuilles les plus hautes...
- Nan. Parce qu'elles puent des pieds.
- Et pourquoi Lazare est toujours prêt à partir en voyage ? Tu ne sais pas ?... Parce qu'il a des valises sous les yeux. Sleepy time, son !
- Yes, daddy !