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Critique de Melman


Ancien propriétaire d'un club de jazz, passionné de musique classique et perpétuel expatrié, l'écrivain Haruki Murakami est un pont entre l'Asie et l'Occident. Son aisance à séduire les lecteurs français réside en parti dans le fait qu'il utilise, à travers ses romans, des codes et des références typiquement occidentaux. Un peu comme Akira Kurosawa qui, de son temps, était considéré comme le plus américain des réalisateurs japonais. Cela n'empêche pas à Murakami d'exploiter des thèmes chers à la littérature japonaise. Et c'est certainement ce double aspect qui constitue, dans un sens, l'universalité de l'oeuvre de l'auteur.
Mais, laissons l'auteur et intéressons-nous à la trilogie. Intéressons-nous à l'énigme que pose le titre : pourquoi Q dans 1Q84 ? Tout simplement parce que le son Q prononcé à l'américaine est le même que Kyu le chiffre neuf en japonais. 1Q84, est une référence directe au classique de George Orwell 1984, écrit en 1948.
Cette histoire met en scène deux personnages principaux. Tout d'abord Tengo, un jeune homme de presque trente ans qui possède tous les attributs du héros parfait : beau, intelligent, sportif, artiste, à la fois littéraire et scientifique ; et Aomamé une jeune femme tout aussi parfaite. le premier est prof de mathématique et écrivain, son existence est paisible et routinière quant à la seconde elle mène une double vie. Au grand jour Aomamé est professeur de gymnastique dans un club de sport mais dans le plus grand secret elle assassine des hommes violent à l'égard des femmes. Tengo et Aomamé sont faits pour se rencontrer, ou plutôt se retrouver, à travers l'espace et le temps déformés. C'est cet amour impossible et surréaliste qui va tisser le fils rouge de la trame. Une intrigue qui s'amorce à Tokyo en 1984 et dérive lentement dans un monde miroir, rebaptisé 1Q84 où le diable se cache dans les détails et où à l'instar d'un Big Brother tout-puissant, ce sont les inquiétants et mystérieux Little People qui observent les humains, tapis dans l'ombre.
Évoluant dans un monde à la fois évasif, fantastique et terriblement réaliste, l'histoire est parsemée des éléments et thèmes chers à Murakami. On retrouve des complots, des communautés secrètes, des personnages coupés du reste du monde, des flashbacks, de la nourriture, du sexe, des introspections, des animaux, des références musicales, de l'ennui, de l'onirisme, du suspense... En ce qui concerne ce dernier, il est traité, tout au long des trois livres, assez inégalement. L'auteur est systématiquement disparate dans son style. Comme il l'a souvent déclaré au cours d'interviews, lorsqu'il débute un roman, il n'a pas de plan précis rédigé ou en tête. Il avance simplement au fil de son imagination. Murakami a tendance à se répéter, comme une astuce pour pallier les pannes d'inspiration, les moments à vide dans le but de créer un effet de style. Ce qui rend parfois l'intrigue poussive. Néanmoins les deux premiers tomes se lisent très bien. Trop bien peut-être. le troisième tome s'étire assez lentement et perd quelque peu en intensité.
1Q84 est une oeuvre de qualité, très créative même si on notera quelques furtifs éléments racoleurs. La trilogie s'inscrit naturellement dans la continuité de l'oeuvre de Murakami. le style est maîtrisé, sombre et imagé. Certainement ce qui se fait de mieux dans la littérature contemporaine.
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