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Critique de kuroineko


La couverture de Profession romancier est intéressante à deux points de vue. Elle reprend en inversant les couleurs le drapeau japonais. Et la balle de base-ball renvoie à la révélation qu'eut Murakami Haruki lors d'un match au Jingu Stadium en 1979 : "Et si j'écrivais un roman?".

Cet ouvrage mi-essai mi-récit autobiographique est en fait la collation de divers articles à propos de son identité de romancier que l'auteur a écrit au fil des années. D'où l'absence de transition d'un chapitre à l'autre.
Un moyen de réfléchir sur l'écriture, l'univers des livres, son parcours, et de se réfléchir en tant que romancier. Que signifie être écrivain? Comment on le devient? Pour qui écrire? Et la lecture dans tout ça? Ou l'école?

En abordant ces divers thèmes dans ses chapitres-articles, Murakami Haruki parle principalement pour lui-même. Il est vrai que sa trajectoire est pour le moins hors-norme. Et ce, même en tant qu'individu de nationalité japonaise. Il reconnaît être quelqu'un de solitaire, individualiste et qui a tendance à marcher à contre-courant de l'esprit d'harmonie et de cohésion sociale - souvent au détriment de la personne - en vigueur dans l'archipel. Un trait caractéristique qui se retrouve dans la plupart des personnages principaux de ses romans d'ailleurs.

Couche-tôt, lève-tôt, il revient sur son quotidien basé sur cinq bonnes heures d'écriture matinale, une vie saine, la pratique journalière de la course. On découvre son rapport à son lectorat qui lui réserve souvent des surprises (par sa diversité et sa fidélité), les nombreuses et parfois violentes critiques qui s'abattent à chaque parution au Japon. Sans y être totalement indifférent, Murakami reste sur sa perspective : écrire en se donnant à fond et avec plaisir, en retravaillant ses textes avant parution pour les améliorer le mieux possible, écrire à sa façon et non selon les critères d'un marketing artificiel, ...

Amoureux de musique et de littérature américaines, l'ouvrage fourmille de référence à Raymond Carver ou encore Fitzgerald, auteurs dont il assure une traduction de l'anglais au japonais. Sa passion pour les livres et la lecture transparaît à chaque chapitre, amour acquis en dehors et presque contre le système éducatif. Il ne fait pas partie des nostalgiques des bancs de l'école du tout et aurait plus tendance à vilipender le système nippon basé sur le bourrage de crâne pour accéder au bon collège, au bon lycée, à la bonne université.

Profession romancier est un recueil d'essais très agréable à lire, très instructif sur de nombreux points contextuels. Il permet également, but premier je pense, de mieux connaître l'auteur derrière Kafka, 1Q84, La Ballade de l'impossible, et autres succès. Et, réciproquement, d'aborder avec plus de profondeur et d'acuité son oeuvre que je prends tant de plaisir à lire et relire.
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