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sur 178 notes
La couverture de Profession romancier est intéressante à deux points de vue. Elle reprend en inversant les couleurs le drapeau japonais. Et la balle de base-ball renvoie à la révélation qu'eut Murakami Haruki lors d'un match au Jingu Stadium en 1979 : "Et si j'écrivais un roman?".

Cet ouvrage mi-essai mi-récit autobiographique est en fait la collation de divers articles à propos de son identité de romancier que l'auteur a écrit au fil des années. D'où l'absence de transition d'un chapitre à l'autre.
Un moyen de réfléchir sur l'écriture, l'univers des livres, son parcours, et de se réfléchir en tant que romancier. Que signifie être écrivain? Comment on le devient? Pour qui écrire? Et la lecture dans tout ça? Ou l'école?

En abordant ces divers thèmes dans ses chapitres-articles, Murakami Haruki parle principalement pour lui-même. Il est vrai que sa trajectoire est pour le moins hors-norme. Et ce, même en tant qu'individu de nationalité japonaise. Il reconnaît être quelqu'un de solitaire, individualiste et qui a tendance à marcher à contre-courant de l'esprit d'harmonie et de cohésion sociale - souvent au détriment de la personne - en vigueur dans l'archipel. Un trait caractéristique qui se retrouve dans la plupart des personnages principaux de ses romans d'ailleurs.

Couche-tôt, lève-tôt, il revient sur son quotidien basé sur cinq bonnes heures d'écriture matinale, une vie saine, la pratique journalière de la course. On découvre son rapport à son lectorat qui lui réserve souvent des surprises (par sa diversité et sa fidélité), les nombreuses et parfois violentes critiques qui s'abattent à chaque parution au Japon. Sans y être totalement indifférent, Murakami reste sur sa perspective : écrire en se donnant à fond et avec plaisir, en retravaillant ses textes avant parution pour les améliorer le mieux possible, écrire à sa façon et non selon les critères d'un marketing artificiel, ...

Amoureux de musique et de littérature américaines, l'ouvrage fourmille de référence à Raymond Carver ou encore Fitzgerald, auteurs dont il assure une traduction de l'anglais au japonais. Sa passion pour les livres et la lecture transparaît à chaque chapitre, amour acquis en dehors et presque contre le système éducatif. Il ne fait pas partie des nostalgiques des bancs de l'école du tout et aurait plus tendance à vilipender le système nippon basé sur le bourrage de crâne pour accéder au bon collège, au bon lycée, à la bonne université.

Profession romancier est un recueil d'essais très agréable à lire, très instructif sur de nombreux points contextuels. Il permet également, but premier je pense, de mieux connaître l'auteur derrière Kafka, 1Q84, La Ballade de l'impossible, et autres succès. Et, réciproquement, d'aborder avec plus de profondeur et d'acuité son oeuvre que je prends tant de plaisir à lire et relire.
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A donf, Haruki !
Profession romancier est un essai autobiographique passionnant, sympathique, franc, intelligent et très facile à lire.
Le livre est divisé en 11 chapitres qui abordent chacun un aspect différent de la profession de romancier, vue par Haruki Murakami.

Il raconte comment il a abordé l'écriture, comment il écrit au quotidien et dans quelle optique, ce qui lui semble important et comment il fait pour s'y consacrer au maximum.
Avec sincérité, Haruki Murakami explique son « bonheur d'écrire » et la satisfaction qu'il ressent de s'être donné à fond dans son travail, correction après correction.

Pus qu'une profession, la rédaction de romans semble être pour lui un véritable sacerdoce. Il organise son emploi du temps avec minutie, collecte la matière première avec patience, rédige ses textes avec détermination, les corrige avec sévérité (mais participe très peu à leur promotion).

Dans ce livre, Haruki Murakami nous dit tout.
(Moi, avec difficulté, je m'applique à vous en révéler le moins possible.)

Sachez pourtant que :

Il s'astreint, pour écrire, à une organisation pour le moins rigide (à l'image de son hygiène de vie). Il s'est construit un véritable plan de travail auquel il ne déroge sous aucun prétexte.

Il revendique fermement sa volonté d'écrire ce qu'il lui plaît, contre vents et marées. Il découvre et suit sa propre voie, à son propre rythme. « Les romanciers doivent être des hommes libres ».

Vous pensez peut-être que les informations qu'il vous livre dans cet essai concernant « l'envers du décors » vont casser la magie de ses roman ?
Eh bien pas du tout !
Parce que bien qu'il perçoive d'où lui viennent intrigues et personnages, il confie qu'il ne maîtrise pas la manière dont ils prennent vie et évoluent. Cela me fait penser au peintre narrateur dans « Le meurtre du Commandeur » : une idée apparaît... et l'artiste n'est plus qu'un outil dans les mains de sa création.
« J'adopte un certain rythme, je découvre de beaux accords, je crois à la puissance de l'improvisation »

Dans ce livre, vous apprendrez ce que lui apportent ses nombreuses lectures, la musique pour laquelle il se passionne, et pourquoi la pratique la course de fond (et le marathon) lui sont indispensables.

Plus, en bonus, quelques considérations sur la société japonaise, l'éducation ou les prix littéraires.

Je vous ai déjà dit que cet essai est passionnant ?
Comme son auteur !
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Je tremble presque à l'idée d'écrire plutôt du mal du livre le plus intime de Haruki Murakami, auteur dont j'ai énormément apprécié presque tous les ouvrages. Ma déception est porbablement due au fait que j'en attendais trop. Profession romancier allait-il me livrer les secrets de la méthode d'écriture de Murakami, auteur souvent considéré comme un bon candidat pour le Nobel, comme un des écrivains japonais majeurs de sa génération, mais aussi comme un des moins japonais, donc des plus universels?
Il n'apparaît que dans la postface que le livre n'est pas réellement un ouvrage conçu comme un tout, mais un recueil d'articles, avec fatalement une certaine redondance dans le propos. Malheureusement, la redondance apparait aussi dans beaucoup de pages : la manière dont Murakami fait progresser lentement ses histoires ne me gêne pas en général, mais ici (honte sur moi d'avoir de telles pensées) j'avais parfois l'impression de lire la dissertation d'un élève à qui on a imposé un développement dans une longueur donnée, et qui se répète plus ou moins adroitement pour arriver à la quantité exigée.
Mais ma principale déception vient du contenu. Non, à part un court chapitre sur le choix des personnages et du narrateur *, Murakami ne parle pas vraiment de sa façon d'écrire. Il parle de son organisation d'écrivain : heures de travail, phases de relecture et correction, importance du sport. Mais il ne répond pas à la question "comment viennent les idées neuves". Il donne des indications sur son choix d'un style simple, et sur l'évolution de ce style depuis ses premiers romans, mais c'est à peu près tout ce que j'en ai retenu.
Pour le reste, Murakami raconte ses années de formation (mais qui parmi ses lecteurs ne sait pas qu'il a tenu un bar où il passait beaucoup de jazz ?), parle de ses bonnes relations avec les éditeurs américains et les traducteurs, de ses mauvaises relations avec la critique japonaise, mais tout cela ne m'a pas passionné. J'ai lu beaucoup de modestie dans tous ces chapitres, j'ai souvent pensé que cela ressemblait à de la fausse modestie ; la manière dont il revient plusieurs fois sur la non-importance de n'avoir jamais reçu le prix Akutagawa me faisait penser à une frustration inconsciente plus qu'à une tranquille liberté. Et je n'ai pas aimé douter des motivations d'un de mes auteurs favoris.
Il me reste encore à lire deux de ses romans de jeunesse, mais j'espère surtout que Murakami publiera encore au moins un roman du niveau du Meurtre du Commandeur, plutôt que ce genre de recueil.

*Intéressante note page 149 de la traductrice, Hélène Morita, sur plusieurs pronoms personnels japonais traduits par "je" en français, qui m'a rappelé un phénomène similaire en coréen.
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Voici un livre qui peut-être stimulant pour le futur écrivain et même l'écrivain d'aujourd'hui et pour aussi les lecteurs où les futures lecteurs de Haruki Murakami. Ça donne le goût de mieux écrire et de mieux lire. Un bon stimulant pour relire ses livres avec la connaissance de sa façon d'écrire et de réfléchir. C'est le comment du pourquoi de cet auteur unique qui est le premier en haut de ma liste. Imagination, précision, remise en question, intensité du travail, voilà quelques ingrédients de sa recette créative. Un délice ! Une bonne raison de replongé dans la lecture de son oeuvre. Allez, régalez-vous !
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Dans cet essai clair et facile à lire, Murakami parle de son métier et trace son autoportrait. Se faisant, il se défend lui-même des critiques dont il a pu faire l'objet et prodigue quelques conseils aux jeunes auteurs.
Murakami a commencé à écrire à 29 ans après avoir eu une "épiphanie" ( révélation) pendant qu'il assistait à un match de base- ball ( d'où la couverture). Il a alors écrit un livre sur la table de sa cuisine d'abord en anglais, pour simplifier son style, avant de le réécrire en japonais. "Ecoute le chant du vent" a obtenu un prix réservé aux nouveaux auteurs ce qui a constitué un "billet d'entrée" dans le métier d'écrivain. Après on peut trouver qu'il pousse un peu quand il nous explique pendant plus d'un chapitre qu'il ne se soucie pas des prix littéraires ! D'après lui tout le monde peut écrire un roman même magnifique mais le plus difficile est de durer d'où son exigence, sa persévérance et sa discipline de travail.
J'ai particulièrement apprécié les pages où il parle en détails de sa création d'histoires et de personnages, celles où il décrit minutieusement les nombreuses réécritures qu'il s'impose et dans lesquelles il évoque le rôle de sa femme, lectrice beaucoup plus fiable que n'importe quel éditeur (ce sont toujours des salariés mus par des intérêts commerciaux).
Tout au long du livre on ressent la joie qu'il éprouve à écrire et qu'il veut communiquer au lecteur.
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Cet ouvrage de Murakami nous offre de mieux connaître les idées qui animent cet auteur ainsi que les techniques qu'il emploie pour écrire ses romans.
Ici, l'oeuvre de Murakami n'est citée que pour donner des repères temporels au lecteur. On n'apprend rien ici sur les sources d'inspiration ou sur ce qui a pu initier l'écriture de la Fin des Temps ou de 1Q84.
Néanmoins, il n'est pas nécessaire au lecteur de tout savoir sur ce qui a inspiré une oeuvre pour l'apprécier et être transporté comme on peut l'être avec Murakami.
On trouve dans cet essai des éléments sur la manière de vivre, de penser et d'écrire.
Il nous livre également au passage quelques considérations sur le monde de l'édition et sur la manière dont il a accédé à la notoriété internationale et à la reconnaissance.
Ouvrage intéressant, même s'il n'est pas nécessaire à la compréhension de l'oeuvre et au plaisir qu'on éprouve à sa lecture.
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Si l'on vous demande de citer un auteur japonais, il y a de grandes chances que le nom de Murakami soit cité en premier.

Il est, après tout, l'écrivain japonais qui vend des millions de livres à travers le monde.

Comment expliquer ce succès qui perdure depuis 40 ans maintenant ?

L'auteur se livre dans cet essai sur sa carrière, ses débuts et ses méthodes.

J'avoue, malgré le plaisir que j'ai eu à lire nombre de ses romans, que je ne me suis jamais vraiment posée la question de savoir qui est vraiment Murakami.

Si la question m'avait été posée, j'aurais sans doute répondu un homme solitaire, un peu étrange sûrement, à l'image de ses romans où le quotidien flirte avec le fantasque et l'onirique.

Pourtant, c'est le portrait d'un homme « ordinaire » selon ses propres mots qui se révèle.

Un homme qui s'astreint à une discipline que l'on pourrait qualifier d'ascétique pour continuer à livrer de nouveaux récits.

D'une grande humilité, sans jamais se départir d'une pointe d'humour, Murakami nous expose ce qui, à son sens, lui permet d'être toujours un écrivain, des décennies après ses débuts.

Aspirant romancier ou simple admirateur de l'oeuvre de cet écrivain, voilà un essai qui saura vous plaire.

J'ai en ce qui me concerne beaucoup aimé en apprendre davantage sur cet auteur que j'admire beaucoup.
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Je viens de terminer ce livre, pour lequel j'ai pris mon temps pour lire. "Profession romancier". La couverture en elle même incite à la réflexion. Pourquoi une balle de baseball sur fond rouge.
1- C'est à l'issu d'un match de baseball, qu'il va décider de se mettre à l'écriture.
2- Il s'agit du drapeau du japon (les couleurs sont inversées)

L'essai de Murakami est très facile à comprendre et à apprécier. L'auteur nous explique sa vision de l'écriture, mais aussi sa manière d'aborder la création d'un roman. Il donne également des éléments autobiographiques, nous permettant de mieux comprendre ce mystérieux auteur. Humilité. C'est ce que j'ai pu en déduire à travers ses explications. Pour écrire, il faut prendre soin également de soi selon lui. Une bonne hygiène de vie serait indispensable. de même, il confie également son opinion quant aux différents concours littéraires. Bref un essai très intéressant et enrichissant.
Ce livre est donc conseillé aux personnes aimant bien entendu l'auteur, mais aussi, pour les personnes, évoluant également dans le monde de l'écriture.
J'ai été très heureuse de pouvoir l'acquérir car je collectionne les deux points : fan de Murakami, et écrivain en herbe. Et je ressors de cet essai toujours aussi songeuse qu'un de ses romans (hé oui !)
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Et si Profession romancier était l'occasion de vous parler de moi...

De mon travail d'auteure. de ma vision de la littérature, de l'autre côté de la page.

Murakami nous offre cette chance folle de passer derrière le rideau rouge, côté jardin, côté cour, comme il vous plaira. de nous glisser en coulisses. S'échouer sur la feuille blanche, retrouver l'encre, s'y rouler, sauter dans les flaques, en mettre partout. Rien à craindre puisque Murakami mène la plume.
Qui mieux que lui, de toute façon...

Comme Murakami, pour moi l'écriture est affaire de discipline. Pas juste de discipline.
Elle est tout.
L'exutoire, la thérapeute. Ma pire amie, ma meilleure ennemie. Elle me secoue, m'apprivoise et me repousse, je l'aime, je la combats, la fuis parfois, à mots découverts, jamais à blanc, oh non, surtout pas, vilaine obsession !
Mais elle est, surtout, discipline.
C'est la première chose que je dis à un "jeune" auteur. C'est l'un des premiers points qu'aborde Murakami dans ce livre. Tu as écrit, c'est merveilleux. C'est maintenant que le travail commence. Six mois, un an, à prendre et reprendre le manuscrit, à demander aux amis, à la famille, de jouer les cobayes, et recommencer encore. Pour six mois ou un an.
Pour la musicalité.
Parce que les mots sont musique. Parce que le rythme. Parce que la beauté.

Lisez-le.
Il le dit tellement mieux que moi 🙂

Et si Profession Romancier était l'occasion de me parler de vous...
Racontez-moi, c'est comment côté cour, côté jardin, comme il vous plaira, quand vous écrivez.
Quand vous lisez.
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Écrire un livre, c'est à la portée du plus grand nombre [sic]. Écrire des livres, continuer et tenir la distance… c'est un travail ! Et rares sont ceux qui réussissent à se renouveler et à en garder un peu sous la pédale.

Murakami nous parle ici de son métier, du monde de l'édition au Japon (et internationale), des prix littéraires, de l'originalité, de lui, de ses rituels sportifs, de sa « normalité » mais aussi de la nécessité de sortir du cadre et de sa vision de l'écriture.

Intéressant pour qui souhaite aussi écrire et pour toute personne rêvant d'embrasser une profession avec des grandes exigences créatives.
Lien : https://www.noid.ch/professi..
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