Il décida de tuer le temps en allant au cinéma. Il y avait trois salles dans la rue. La première affichait Furie de Hong Kong et Poings d’acier. La suivante présentait Tyrannie de Hong Kong et Poings de fer. La troisième passait Holocauste à Hong Kong et Poings de Pierre.
Remo vit tous les films. Il considéra cela comme un après-midi et une soirée très instructifs. Il apprit ainsi que les films duraient quatre-vingt-dix minutes, que les Noirs étaient tous des millionnaires qui voyageaient de par le monde sans travailler, apparemment, et possédaient quand même des immeubles et des avions à réaction personnels. Il découvrit que certains de ces Noirs, en s’efforçant d’apporter la paix et la justice dans un monde imparfait, s’alliaient toujours avec un Oriental, expert en arts martiaux, capable de battre n’importe qui au monde en combat à mains nues, excepté le Noir parce que tous deux avaient été entraînés par le père de l’Oriental. Ensemble, ils tuaient un tas de méchants, tous Blancs, et gras pour la plupart.
Les grandes idées étaient des diamants, pas des perles. Il entendait par là que les grandes idées naissent tout épanouies dans des éclairs d’inspiration ; elles ne sont pas créées, à la manière d’une perle, par des couches et des couches d’idées, de modifications et d’améliorations jusqu’à ce qu’un jour un grain de sable soit converti en une chose précieuse et pure.
Les gens disaient qu’on ne pouvait pas retourner chez soi mais ce n’était pas vrai. On pouvait revenir, seulement quand on arrivait, on se rendait compte qu’on n’était pas chez soi et qu’on ne l’avait jamais été. Un homme transportait son foyer avec lui, dans sa tête, en sachant qui il était et ce qu’il était.
Il comptait vendre des importations du Moyen-Orient, qui s’achetaient maintenant pour une bouchée de pain, vu la déliquescence économique dudit Moyen-Orient.
Acheter bon marché et vendre cher. Quoi de plus simple ?
Les Blanches étaient toutes des prostituées convoitant le corps du Noir. Les Noires étaient toutes de nobles personnes qui gardaient leur vertu jusqu’à la fin du film, où elles se donnaient par amour pur.
Rémo, sans arme et dangereux - 1985, adapté de "Implacablement vôtre'