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Critique de Tandarica


Ulrich, mathématicien, la trentaine passée, est un homme sans qualités, qui s'engage dans l'Action parallèle, censé célébrer l'anniversaire du règne de l'empereur en 1914, pour n'y rien faire, comme les autres participants du reste. En chemin, il rencontre plusieurs personnages : le criminel Moosbrugger, Bonadea, sa maîtresse devenue encombrante après leur rupture, Diotime, sa cousine assoiffée de culture, son mari le diplomate Tuzzi, Paul Arnheim, écrivain et homme d'affaires allemands qui a avec Diotime une liaison adultérine platonique, Son Altesse le comte Leinsdorf, initiateur du projet et dont il devient le secrétaire particulier puisqu'il s'avère être un homme politique noble et très influent, le général Stumm von Bordwehr, qu'il introduit chez Diotime, par qui il est subjugué, pour représenter l'armée au sein de l'Action parallèle. Il y a aussi Rachel, la bonne de Diotime qui est mise enceinte par Soliman, le domestique noir d'Arnheim, son ami Walter, musicien moyen à qui sa femme Clarisse, un tantinet folle et obsédée par Moosbrugger se refuse, le directeur Fischel, juif qui en fait n'est pas directeur et dont la fille Gerda semble devoir se fiancer à Hans Sepp, jeune antisémite (elle s'offre à Ulrich avant de se rétracter au dernier moment), le professeur Schwung, rival de son père et ancien meilleur ami de ce dernier, défenseur d'une autre théorie que lui sur une histoire de droit (la responsabilité sociale). le père d'Ulrich meurt et il retrouve pour régler les formalités sa soeur Agathe, perdue de vue depuis longtemps et mariée à Hagauer, pédagogue réputé. Elle s'enfuit et va vivre avec Ulrich. Diotime est en froid avec Arnheim et Clarisse a pu aller à l'asile avec un ami d'adolescence, le docteur Meingast, devenu prophète réputé. Là se termine ce que Musil a publié de son vivant : le dernier événement notable est la rencontre d'Agathe avec un certain Lindner après une dispute avec Ulrich au sujet de la falsification du testament paternel.
Un portrait vaste, satirique et pessimiste de l'Autriche, la Cacanie, car elle est kaiserlich et königlich (K et K), lu dans la traduction de Philippe Jacottet : Musil a passé la fin de sa vie en Suisse, dans la misère et la dépression, en partie pour son opposition au nazisme, conditionné par son mariage avec une Juive entre autres. La catastrophe était censée arriver à la fin : à la fois la première guerre mondiale et l'inceste entre Ulrich et sa soeur. C'est en grande partie la faillite de l'intelligence (celle d'Ulrich) et celle de la bêtise (celle des autres personnages, pour caricaturer) : les deux sont inefficaces. Un grand roman, reconnu comme tel. Il est néanmoins très long. Ceci étant, il est inachevé, probablement en grande partie du fait de la santé de Musil, et difficile de savoir s'il n'aurait pas été finalement en plusieurs volumes (déjà, on le trouve en deux volumes aux Points, en 800 pages pour le premier volume, je trouve cela lisible : on se souvient encore du début en arrivant à la fin). Je relève néanmoins sa misogynie primaire : les femmes (sauf les aliénées) sont en grande partie là pour se jeter sur les hommes façon DSK par moments et clairement conçues comme inférieures, et lorsque je dis "clairement", on parle de bien plus d'écart que les 15 à 20% de différence salariale actuellement recensés !
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