« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler de
Fantasio…
-Aaaaaah, enfin quelque chose d'intéressant ! J'adore Gaston Lagaffe !
-Euuuh… le
Fantasio d'Alfred de
Musset et non d'
André Franquin. Or donc,
Fantasio, jeune homme endetté, se déguise en bouffon de la princesse pour fuir ses créanciers. Pendant ce temps, un prince voisin se déguise pour approcher ladite princesse incognito et la courtiser comme dans une pièce de
théâtre.
-Voilà qui promet maintes situations désopilantes et quiproquos !
-Oui. Mais non.
-Non ?
-Non.
-Mais ça t'a plu, ça t'a déplu, ça t'a quoi ?
-Déplu. Comment dire ?
Fantasio est une pièce de
théâtre, une comédie, paraît-il. Hélas, la morosité de
Fantasio me voile l'aspect comique. En parlant de comédie, j'attendais… de l'humour drôle, des répliques qui fusent, de la vivacité, un rythme prenant, et… j'ai trouvé des déclamations fades, un rythme lourd, trop déséquilibré entre les deux actes, trop lent au début, trop rapide à la fin. Quant à la meilleure blague, elle se déroule complètement hors de la scène !
-Moi, les petites allusions à d'autres oeuvres m'ont bien amusée.
-Mais ses vitupérations contre le
théâtre moderne, quel ennui ! J'avais envie de lui répondre « Alfred, tu es bien gentil, mais quand je te lis, j'comprends pourquoi on enseigne Ruy Blas… »
-C'aurait été de mauvaise foi, Déidamie. On enseigne aussi
Lorenzaccio et
Les caprices de Marianne. Antony, en revanche, ce n'est plus trop à la mode.
-Ah, Antony ! Quelle pièce intéressante ! de Terribles Souffrances, d'affreux dilemmes, du vice, de l'héroïsme, de l'amour, de la Société qui est méchante, bref, du sentiment, de l'intensité enfin ! Ici, tout nage dans une mélasse collante de sinistrose.
-T'exagères, Déidamie. de l'intensité, tu en as avec la princesse.
-Mouais…
-Ah si. Son déchirement entre l'intérêt collectif et individuel rend son texte poignant. Et j'ai beaucoup aimé comment sa tristesse la pousse vers le bas matérialisme pour toute consolation : elles sont là, nos copines Satire et Provocation ! le texte du stupide prince de Mantoue est réussi, lui aussi. Quelle bonne idée de tourner en dérision les stratagèmes du
théâtre de
Marivaux ou de
Beaumarchais !
-Certes, mais cela reste insuffisant pour sauver la pièce. Je crains bien d'être restée de la vieille école (ou plutôt de l'école « moderne » selon l'auteur) en matière de
théâtre et de ne pas apprécier plus que cela la patte d'Alfred.
-Ce monsieur a quand même du mérite ! Tu ne peux pas dire que c'est tout mauvais !
-Non, en effet. Tu es là pour le rappeler. »