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Critique de pompimpon


"Cela est trop cruel d'avoir vécu dans un palais de fées, où murmuraient les cantiques des anges, de s'y être endormie, bercée par son fils, et de se réveiller dans une masure ensanglantée, pleine de débris d'orgie et de restes humains, dans les bras d'un spectre hideux qui vous tue en vous appelant encore du nom de mère."
Marie à Catherine, Acte I scène 6

Certes, elle est bancale, mal fichue, il y a un monde fou et d'ailleurs elle n'est jamais jouée entièrement... Et ce rôle de Lorenzo, une savonnette, casse-gueule comme on en fait peu, et va t'en passer derrière Gérard Philipe, Pierre Vaneck, Francis Huster...

J'aime cette pièce, infiniment, depuis la première fois où je l'ai vue, à la télévision, enfant.
Je n'y avais absolument rien compris, tu penses, à 8 ou 9 ans !
Mais j'avais été incroyablement touchée par la somme de désespoir qu'elle charriait.

Forcément j'y suis revenue plus tard, à l'adolescence, où j'ai été émue par ce personnage romantique caché derrière son cynisme et sa débauche, son destin tout tracé, sa fin programmée tragique, et qui ne fléchit pas.
C'est au fil des lectures que j'ai découvert et sa complexité et l'écho qu'elle faisait à l'époque où elle a été écrite, après la Révolution de 1830 et les déceptions qui l'ont suivie.

Jamais je n'ai été désillusionnée, de ce charme lancé par un Vaneck en noir et blanc.

Et bien que je l'aie laissée de côté plus de dix ans, cette dernière lecture ne m'a pas davantage déçue.

Ce Lorenzo me rappelle maintenant tous les copains que j'ai vu endosser son rôle, l'un davantage dans le cynisme, un autre plus près du jeune rêveur, tous lui donnant vie en équilibre sur les mots, la révolte, la colère De Musset.

"Suis-je Satan ? Lumière du ciel ! Je m'en souviens encore, j'aurais pleuré avec la première fille que j'ai séduite, si elle ne s'était mise à rire. Quand j'ai commencé à jouer mon rôle de Brutus moderne, je marchais dans mes habits neufs de la grande confrérie du vice comme un enfant de dix ans dans l'armure d'un géant de la fable. Je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seuls le portaient au front. J'avais commencé à dire toute haut que mes vingt années de vertu étaient un masque étouffant. Ô Philippe ! J'entrai alors dans la vie, et je vis qu'à mon approche tout le monde en faisait autant que moi ; tous les masques tombaient devant mon regard ; l'humanité souleva sa robe et me montra, comme à un adepte digne d'elle, sa monstrueuse nudité."
Lorenzo à Philippe, Acte III scène 3 d'anthologie !

Comment ne pas être enflammé par ces mots ?
Pas de chance, nous étions toutes aveuglées par le Lorenzo d'un Francis Huster jeune, beau, vénéneux et plein de talent…

Sinon, pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, vous pouvez regarder comment Jean Rochefort vous la raconte à la sauce spaghetti dans LES BOLOSS des belles lettres, je mets en commentaire le lien qui est modifié sans cesse par Babelio !
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