Tram 83, c'est avant tout un livre d'ambiance, une suite de tableaux truculents et dégoulinants. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, si ce n'est la vie elle-même, quelque part au Sud, en Afrique Equatoriale.
On suit deux anti-héros, Requiem, malfrat à la petite semaine, tour à tour trafiquant, maître chanteur et chef de bande et Lucien, un ami de longue date, ex-prof d'histoire qui tente d'écrire une pièce de théâtre-conte. Mais le véritable héros, c'est le
tram 83, un bar-resto-bordel, situé dans la Ville-Pays, où gravite un monde fascinant fait d'étudiants grévistes, de creuseurs assoiffés d'alcool et de sexe, de putes de tout âge, de touristes escrocs, de mangeurs de chiens, … Ça pue, ça suinte, ça transpire, ça balance, ça chavire. Mais surtout ça groove. Au son du jazz, de la salsa, de la rumba zaïroise, merengue et autre conga … L'ambiance est lourde et enfumée, empreinte de misère, d'alcool et de sexe, le tout dans une célébration de la vie.
C'est un roman entêtant, agaçant parfois, débordant de noirceur poétique, un roman violent qui vous secoue et vous prend aux tripes, un roman à mille lieux de tout bon sentiment politiquement correct sur l'Afrique. Un roman éminemment réaliste, qui a toute sa place dans la littérature africaine.
C'est aussi un roman sur la place de la littérature quand la vie est violence, sur la nécessité d'écrire cette urgence, l'histoire de ce peuple debout, de ce continent qui déborde d'énergie, d'aspirations. de vie, quoi.