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De cette auteure originaire d'Albanie, j'ai déjà présenté 3 chroniques de livres, à savoir : "Confessions des lieux disparus", le 16 février 2020 ; "La dame de compagnie", le 29 février dernier et "Ma légende", le 22 mars 2020.

Bessa Myftiu a dédié son roman à sa grande amie la chanteuse de jazz helvéto-albanaise, Elina Duni, née à Tirana en 1981, mais à 10 ans définitivement partie pour la Suisse, ce qui ne l'a pas empêché d'arranger des vieilles chansons populaires albanaises et des ballades balkaniques anciennes dans ses créations musicales très modernes.

L'auteure, comme sa grande amie, a vu le jour à Tirana en plein règne d'un des pires dictateurs communistes que l'Europe ait connu, Enver Hoxha (prononcé Hodja, 1908-1985).
Elle est la fille de l'écrivain dissident Mehmet Myftiu, né en 1930 et tout jeune déjà interdit de publication, après un bref passage en taule.
Bessa aux dons multiples de romancière, poétesse, essayiste, critique littéraire, journaliste et traductrice s'est établie à Genève en 1992, à l'âge de 31 ans, où elle a obtenu un doctorat en sciences d'éducation et y enseigne actuellement cette matière à l'université.

Assez étrange, le prénom Bessa est aussi un mot albanais "bessa" qui signifie : "parole d'honneur".

Le récit commence à Fiumicino, l'aéroport de Rome, où 3 jeunes Albanaises viennent, à cause d'une bête grève, de rater "la noce du siècle", celle de leur amie Mira. Anila, Monda et Diana décident, en attendant le vol pour Tirana de fêter le mariage entre elles. Dans ce noble but, elles s'achètent un vin sicilien "Mille e una notte" et proposent, à l'instar de Shéhérazade, de se raconter à tour de rôle une histoire.....d'amour, naturellement.

1) L'histoire d'Anila

Anila est mariée avec un homme pour qui sa mère est son Dieu et elle en a plus qu'assez. Un jour, elle rencontre un étudiant tellement beau qu'il lui "faisait penser au divorce". Elle apprend que c'est un Kosovar, condamné à mort dans son pays, ce qu'elle trouve sexuellement excitant. Dans les années 1980, les Kosovars en fuite n'étant pas soumis aux restrictions vestimentaires albanaises, avaient les cheveux longs, jeans, baskets, pulls excentriques... qui leurs assuraient un succès auprès des jeunes Tiranaises et pratiquement toutes étaient sous le charme d'Halil, le plus séduisant de tous.

Seulement, Anila a un fils de 3 ans et appartient, par sa famille, à la nomenclature communiste d'Albanie. Par ailleurs, la situation et le caractère du bel Halil sont loin d'être simples ! Mais ils sont si épris l'un de l'autre et s'ils ne font pas des balades en forêt, ils écoutent des poésies du plus illustre phénomène littéraire du pays, Ismaïl Kadaré, sur un magnéto, entrecoupé d'airs populaires du groupe suédois Abba.

Est-ce que l'amour sera plus fort que tout ?

2) le récit de Diana

Diana a un sens d'humour un peu spécial, lorsque ses copines se plaignaient de louper le mariage de Mira et d'être stupidement bloqué à l'aéroport, elle estimait que ça aurait pu être pire : se retrouver au "pavillon des cancéreux" par exemple !

Elle raconte que son père s'est barré lorsqu'elle avait 4 ans. Sa mère aimait un autre homme et considérait que son mari n'avait qu'à l'accepter. Et Diana de conclure : elle se prenait pour Marlène Dietrich, "mais la cigogne qui avait déposé maman sur terre s'était trompé de pays". Si elle n'était pas la fameuse Dietrich, elle était néanmoins très belle et une Ophélie ou une Desdémone au théâtre local. Eh oui, Diana est la fille de l'actrice Anita Nikolli. le problème d'Anita c'était de toujours tomber folle amoureuse d'un nouveau "loser", puis au bout d'un certain temps de le perdre et traverser une période de désespoir intense. Maman voulait éternellement interpréter son propre vaudeville sans rien changer à son scénario : "s'émerveiller, régner, douter, pleurer, mourir et ressusciter."

La fille se jure qu'elle ne commettra pas la même erreur que sa génératrice et se garde bien de tomber amoureuse des hommes qu'elle rencontre comme réalisatrice de films documentaires pour la télévision albanaise.
Un soir, un étudiant réalisateur, Thanass, de 10 ans son cadet, l'attend à la sortie du "Kino-studio" où elle bosse et lui déclare son grand amour.
Comme Thanass est également un adonis et manifestement fou d'elle, est-ce qu'elle laissera son coeur dicter son action ou se retranchera-t-elle derrière la sécurité de sa raison ?

3) le conte de Monda

Monda se souvient qu'à 5 ans, elle a compris "qu'on pouvait aimer à mort" ! L'objet de cette passion est son propre cousin, de 5 ans son aîné, né en Russie où son oncle Sadri a fait ses études et baptisé Sergueï. Après la rupture avec l'URSS, rebaptisé de l'équivalent albanais : Saïmir. Sergueï/Saïmir est le plus beau et le plus fort garçon du quartier et toutes les filles sont amoureuses de lui, mais la petite Monda sait qu'elle occupe la première place dans son coeur. La môme trouve parfaitement scandaleux et foncièrement injuste que des cousins ne puissent se marier.

Dans ses rêves, elle anticipe leur fête de noce dans les moindres détails : robe, coiffure, maquillage, rouge à lèvres, musique tzigane, nourriture, jusqu'à la voiture qui viendra la prendre chez elle... pour la reconduire chez elle, car parents, oncle et tante, ses cousins et elle habitent tous la même maison et il n'est pas question qu'elle déménage, puisqu'elle y est heureuse.

Entre rêve et réalité il y a souvent des légères différences et parfois, hélas, même un véritable gouffre.

Ne laissez pas vous décourager par le terme "communisme" dans le titre. Faites-moi confiance, c'est bien l'autre mot qui est central, le tout premier : "Amours".
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Les récits de ces trois femmes évoquent avec justesse la condition des femmes albanaises dans les années 80. Mais bien au-delà, et dans un style très élégant, Bessa Myftiu se livre à une analyse très fine de la psychologie de ses narratrices et à une véritable réflexion sur la complexité des rapports humains. le réalisme du propos et la puissance des émotions immergent le lecteur dans un flot de sentiments contradictoires. le plus étonnant étant le sentiment de nostalgie que l'on ressent à la lecture de ce très beau roman. Les amours au temps du communisme ne seraient donc pas ceux d'aujourd'hui ? Sentiment de perte et sentiment d'espoir qui ne se contredisent finalement pas.
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Ce sont des récits qui semblent venir des temps anciens, où le père communiste ne pouvait accepter que son fils prenne pour épouse une jeune femme issue d'une famille bourgeoise, où pour avorter il fallait se faire prescrire des antibiotiques pour chat, où le curetage se faisait sans anesthésie, où la bessa était encore une promesse que chacun tenait ...
Et face à ces coutumes ancestrales, ces femmes ont dû feinter pour assouvir leurs désirs.
A la fois drôle et instructif, ces récits anecdotiques, émaillés de vers de Kadaré, divertissent tout en faisant réfléchir.
Lien : http://leiloona.canalblog.co..
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Le poids des traditions en Albanie dans les années 80
Anila, Diana et Monda, trois albanaises, attendent à l 'aéroport de Rome, un avion qui les ramènera dans leur pays le temps d'une noce. A cause d'une grève, elles devront patienter toute une nuit. Elles décident de rester éveillées et de se raconter, l'une après l'autre, une histoire d'amour qui les a profondément marquées. Ce roman évoque avec justesse la condition des femmes albanaises dans les années 80 dans une structure communiste, patriarcale archaïque, Il s'agit d'une véritable réflexion sur la complexité des rapports humains et familiaux, le poids des traditions, des légendes et superstitions. A la fois, réaliste, émouvant et parfois humoristique, cette fiction permet de faire coexister le sentiment de perte avec le sentiment d'espoir.
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Ce que j'ai aimé : La couv' m'a donné vraiment envie, et aussi le fait d'être entourée de communistes pratiquants : c'est une manière d'aborder leur monde de manière détournée. Ce qui m'a également bien plu, c'est que ce livre, malgré le sujet, ne sombre jamais dans la mièvrerie et traite le sujet de manière plutôt classe.

Ce que je n'ai pas aimé : Malgré toute cette passion, ça manque d'un je-ne-sais-quoi, on ne s'identifie jamais vraiment, on survole plutôt tout ça. Peut-être que chaque histoire aurait mérité un roman à part entière. J'ai bien peur qu'à la fin, je n'en retienne pas grand chose de tout ça.

Lien : http://wc.pressepuree.fr/amo..
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Construit en trois parties, ce roman nous raconte les premières amours de trois filles albanaises, coincées à l'aéroport, pour se rendre au mariage de leur amie commune.

La suite sur le blog !
Lien : http://parchmentsha.blogspot..
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