Mission : tuer Hitler

Lorsqu'on y pense, c'est étonnant, voir effrayant, de réaliser à quel point un banal événement peut entraîner un impact immense dans le futur. Ce qui nous pousse à croire que chaque décision, aussi infime soit-elle, influence notre parcours. C'est ce qu'on appelle l'effet papillon.

Utilisant toute l’énergie qu’il lui restait, il cligna des yeux et lorsqu’il les rouvrit, il était le dernier debout dans la douche. L’espace au sol manquait, il marchait donc sur les corps morts. Le vieux Polonais avait peine à avancer, il perdit pied à plusieurs reprises. Soudain, l’air ne parvenait plus à ses poumons, ni par son nez, ni par sa bouche. Quelque chose clochait. Teodor ouvrit grand ses yeux et porta ses mains à sa gorge, son visage d’une pâleur extrême vira au mauve. La dernière chose qu’il entendit fut ce son étrange qui lui rappelait le bruit d’un ballon qui explosait. Comme si quelqu’un venait de faire éclater une balloune juste à côté de ses oreilles. Et il tomba lui aussi sur les corps empilés. Il eut le temps de comprendre que ce curieux bruit était en fait, ses propres poumons qui venaient d’éclater.

Non loin de là, Magalie remarque deux femmes accroupies au-dessus de quelque chose. Leur maigreur était terrifiante ; on voyait jaillir les os pointus de leur colonne vertébrale, tant leur dos était voûté. Elles semblent stressées et leurs gestes étaient saccadés, comme si elles craignaient d’être prises sur le fait.

Qu’étaient-elles en train de faire ?

Rapidement, elles portaient leurs mains à leurs bouches.

Comment ont-elles pu se procurer de la nourriture ?

Curieuse de nature, Magalie s’avança doucement vers ces femmes et soudain elle aperçut ce qu’elle redoutait. Les deux femmes aux dos courbés tenaient entre leurs doigts écorchés, des os. Des ossements humains. Affamées et désespérées, elles grugeaient les restants de chair autour de ce qui ressemblait à une rotule.