Citations sur Le livre de la vie (24)
Il se rappelle comment elle se parfumait, exactement ce que faisait sa grand-mère : cinq vaporisations dans l'air devant elle, deux pas sous la bruine toute fine, une rapide volte-face les yeux fermés. Tous les jours, une petite danse. (p. 145)
Elle n'a jamais aimé les magazines féminins, leur façon subtile de dégrader la femme, leurs promesses mystifiantes de se sentir mieux, crèmes hydratantes, bains de boue, pilules amaigrissantes, week-ends dans des spas hors de prix, photos aguichantes de garçons de dix-huit ans à moitié dénudés... (p. 114-115)
La négociation avait toujours été l'aspect des affaires qu'Abe préférait. Il excellait quand il essayait de convaincre quelqu'un de renoncer à quelque chose dont il avait besoin, lui. (p. 33)
D'une façon ou d'une autre, tout se gâtait dès qu'une bite se mettait là où elle n'aurait pas dû. S'il y avait une maxime pour guider son existence, c'était bien celle-là. (p. 11)
La séparation entre humour et tristesse est particulièrement mince. (p. 229)
Avant la naissance de son fils, Jonathan était convaincu qu'il possédait naturellement l'instinct paternel ; après, cependant, il avait douté à chaque instant, se demandant s'il connaissait vraiment la façon correcte de le porter, de lui parler, de le nourrir. Et la suite n'avait pas été plus facile, au contraire. Il n'avait pas su comment réagir aux crises de rage du petit garçon et l'adolescent que Marc était devenu lui faisait l'effet d'une bombe à retardement : sans pouvoir dire combien de temps il lui restait, il était convaincu qu'elle finirait tôt ou tard par lui exploser à la figure. (p. 207)
Elle n'a pas connu d'homme après Henry. Elle ne peut même pas aller boire un café sans se dire que l'inconnu en face d'elle, quel qu'il soit, d'aussi bon goût soient son costume, ses chaussures ou sa montre, finira un jour par rentrer à la maison avec l'odeur d'une autre femme sur lui. (p. 149)
Ton père et moi, on s'en sort pas mal dans la vie en vendant de la bouffe médiocre. Ça signifie que l'un de nous est supérieurement intelligent.
En bas de la petite pente, il y a le moulin à eau. Des siècles auparavant, il produisait de la pâte à papier, les villages alentour ont tout rasé pour amener le bois ici mais le moulin est mort, maintenant, un vestige presque effondré, infesté de rongeurs, de moisissure et de graffiti là où les mirs tiennent encore. Il est à plus d’un kilomètre dans la forêt et aucun signe ni panneau ne vient rappeler son importance passée. Par contre une réplique a été construite en ville, avec des plaques de bronze partout, et les collégiens en excursion prennent ça en photo.
Mon père l’a suivie quelques jours plus tard, comme je l’avais envisagé tant il était logique qu’il meure ainsi qu’il avait vécu, toujours derrière elle, lui obéissant au doigt et à l’œil.