Ce fut Hood qui construisit la cheminée, il s'y connaissait. "C'est un faiseur de feu" disaient les Indiens Kri qui lui témoignaient plus de considération qu'à aucun autre Européen. ils ne tenaient pas, sinon, l'homme blanc en haute estime. Des balles de fusil avaient décimé leur tribu autrefois puissante et l'alcool exerçait des ravages impitoyables parmi les survivants.
"La puissance des Blancs va continuer à grandir, dit l'un des Kri à Robert Hood, Personne ne pourra s'opposer à elle. Ils ne périront que lorsqu'ils auront tout détruit. A ce moment-là, en effet, les guerriers du Grand Arc-en-ciel les chasseront et rétabliront toutes les choses telles qu'elles étaient.
A Hull, devant un plat copieux, il avait réfléchi à ce qu'était la liberté. On la possédait lorsqu'on n'était pas obligé de dire à l'avance à quelqu'un ce qu'on envisageait de faire. Ou bien lorsqu'on le taisait. (chapitre 4 : le voyage à Lisbonne)
Superbe roman, sur John Franklin. Aventure, réflexion, exploration, écriture magnifique. Je l'ai lu d'un bout à l'autre sans rien sauter, même pendant les batailles, et les descriptions maritimes... premier roman historique de cet auteur, et j'espère pas le dernier... dommage que ma bibliothèque municipale n'a pas d'autres romans de cet auteur.
Il risquait tout au plus de rencontrer le berger dans les collines mais ce dernier dormait jusque tard dans la matinée, fidèle à sa maxime selon laquelle l'aube appartenait aux animaux de la forêt. Le berger avait du temps devant lui et réfléchissait beaucoup, les poings serrés la plupart du temps. John l’aimait bien mais aujourd’hui, il était préférable de ne pas le rencontrer. Peut-être voudrait-il se mêler de l'affaire. En matière de fugue, un adulte, ne fût-il qu'un berger, lève-tard et rebelle, ne partageait jamais l'opinion d'un enfant.
Il sentit son œil poursuivre ses saccades, percevoir à chacune d'elles quelque chose de différent pour finir par tomber sur son père qui était à sa fenêtre et qui lui dit : "Tiens, voilà l’idiot". Peut-être avait-il raison, la chemise de John était déchirée, son genou écorché, sa blouse pleine de sang et il était planté devant la croix du marché, écarquillant un œil et palpant l'autre. Cela devait vexer son père. "Faire une chose pareille à ta mère !" John entendit la phrase en même temps que s'abattaient les premiers coups" "ça fait mal!" constata John, car il fallait que son père sût si ses efforts étaient fructueux. Son père estimait qu'il devait administrer de sérieuses corrections à son fils cadet pour le réveiller.
John ne respectait jamais ce délai et il lui arrivait souvent de répondre, en dehors de son tour et de façon tout à fait saugrenue, à l'avant-dernière question, car rien ne pouvait l'empêcher de continuer à résoudre un problème même si cela était devenue totalement hors de propos. Il avait des progrès à faire. Il écrivit dans son recueil de sentences : "pour toute chose, il y a deux temps - le temps qui convient et le temps qu'on a laisser passer"...
Devant lui s'étendait la douce peau de la mer ; c'était elle la véritable enveloppe terrestre. (chapitre 4 : le voyage à Lisbonne)