À chaque arrêt du convoi, nous nous attendons à l'ouverture de la porte plombée : en vain. Le crépitement de la mitrailleuse postée sur l'un des wagons résonne, les cris qui s'ensuivent laissent peu de place au doute : encore une tentative d'évasion avortée. J'ai reconnu le nom de Coblence. Combien de temps patientons-nous ? Deux, trois, quatre heures ? Entre la somnolence, les pertes de connaissance et l'obscurité, difficile de se situer dans un espace-temps.
Il fait jour lorsque le lourd panneau coulisse bruyamment pour venir se fracasser sur les parois du wagon. Des soldats vocifèrent - comment pourrait-il en être autrement -, aboient de descendre rapidement, les mains en l'air. Des chiens monstrueux nous effleurent de leurs babines dégoulinantes de bave, les crocs énormes et la mâchoire prête à nous dévorer. Malgré notre état de délabrement, nous ne nous faisons pas prier.