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Critique de mh17


J'ai découvert SHIGA Naoya (1883-1971) grâce à mon ami Croquignol puis grâce à l'anthologie de nouvelles japonaises L'Iris fou que je vous recommande. Et puis je suis tombée sur la belle version audio du Séjour à Kinosaki sur notre site préféré ( you tube, Veilleur des Livres). le texte est extrait de l'édition Arfuyen qui propose également le Crime de Han. Les deux nouvelles sont remarquables. Je m'étendrai davantage sur la première qui m'a beaucoup touchée.
Le 5 août 1913, Shiga Naoya est renversé par un train. Il est très grièvement blessé. A l'hôpital, en septembre, il écrit le Crime de Han puis, en octobre il part en convalescence à Kinosaki, une station thermale réputée. La nouvelle tirée de son expérience paraîtra en 1917.
Le séjour à Kinosaki :
La nouvelle prend l'aspect d'une promenade spontanée dans la nature et propose une belle et bouleversante méditation sur la mort. le style est d'une simplicité et d'une précision exceptionnelles. Vous êtes d'emblée dans la confidence d'une âme solitaire et tourmentée. le narrateur a échappé à la mort et le médecin qu'il cite textuellement l'a prévenu que sa blessure pourrait évoluer éventuellement en tuberculose osseuse fatale. Il a donc décidé de séjourner quelque temps à Kinosaki. Il s'y retrouve seul, les idées confuses, la mémoire encore défaillante. Il lit, écrit, reste prostré sous la véranda de sa chambre ou bien Il va se promener. Au cours de ses flâneries dans la solitude des montagnes automnales, en proie à la mélancolie et aux pensées morbides il éprouve cependant une impression de calme, de plénitude. Il se demande sans effroi quand arrivera la mort et de quelle manière elle se manifestera. Sous l'auvent qui protège l'entrée de sa véranda, il observe le manège de grosses guêpes affairées du matin au soir qui s'envolent bruyamment mais un matin il découvre le cadavre de l'une d'elles les pattes rétractées, les antennes tordues sur les tuiles froides. Les autres volètent à côté indifférentes. le lendemain, la guêpe a disparu, balayée par la pluie. Alors qu'il se promène, il aperçoit des gens attroupés sur la berge de la rivière, ils crient et rient bruyamment. Un gros rat a été harponné de part en part puis jeté dans la rivière. Il se débat pour se hisser sur la rive tandis que des gamins lui jettent des pierres… Un autre soir le narrateur suit le même cours d'eau en amont. Dans la pénombre il distingue une salamandre au bord de l'eau. D'une main distraite et maladroite, il ramasse une pierre et la jette, la salamandre s'immobilise, morte.
La mort de la guêpe est naturelle. le narrateur contemple son cadavre, ressent alors quiétude et solitude. La mort du rat est violente, pleine de souffrances. Il s'identifie à lui. le rat ne peut pas se suicider comme l'homme. le narrateur réalise que la mort est rarement tranquille. Il fuit avant la fin car le spectacle est trop cruel. le rat reste seul. La mort de la salamandre fait écho aux précédentes. C'est une mort subite, violente et accidentelle dont il est responsable sans le vouloir, une mort absurde. Et Il fait alors le constat que vie et mort ne sont pas opposées mais côte à côte. La mort arrivera quand elle arrivera et il sait qu'auparavant il se battra pour sa survie.

Le Crime de Han :
Au cours de son numéro de lancer de couteaux, Han tranche la carotide de sa femme qui meurt sur le coup. Est-ce un accident ou un crime prémédité ? On suit les interrogatoires du juge d'instruction qui donnera son verdict à la fin. Cette petite enquête policière est d'une grande finesse psychologique.
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