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EAN : 9782903941192
47 pages
Arfuyen (17/01/1996)
3.88/5   4 notes
Résumé :
"Je n'ai jamais entendu utiliser à propos de Shiga Naoya, notait l'écrivain japonais Ito Sei, le terme de classique bien qu'il définisse assez exactement, me semble-t-il, la nature de son œuvre. Mais de prime abord le trait le plus frappant de sa création est plutôt l'extraordinaire acuité de sa sensibilité. (...) De nombreux écrivains contemporains présentent un type de sensibilité qui les apparente au caméléon. Ceux qui possèdent une perception réellement aiguë me... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai découvert SHIGA Naoya (1883-1971) grâce à mon ami Croquignol puis grâce à l'anthologie de nouvelles japonaises L'Iris fou que je vous recommande. Et puis je suis tombée sur la belle version audio du Séjour à Kinosaki sur notre site préféré ( you tube, Veilleur des Livres). le texte est extrait de l'édition Arfuyen qui propose également le Crime de Han. Les deux nouvelles sont remarquables. Je m'étendrai davantage sur la première qui m'a beaucoup touchée.
Le 5 août 1913, Shiga Naoya est renversé par un train. Il est très grièvement blessé. A l'hôpital, en septembre, il écrit le Crime de Han puis, en octobre il part en convalescence à Kinosaki, une station thermale réputée. La nouvelle tirée de son expérience paraîtra en 1917.
Le séjour à Kinosaki :
La nouvelle prend l'aspect d'une promenade spontanée dans la nature et propose une belle et bouleversante méditation sur la mort. le style est d'une simplicité et d'une précision exceptionnelles. Vous êtes d'emblée dans la confidence d'une âme solitaire et tourmentée. le narrateur a échappé à la mort et le médecin qu'il cite textuellement l'a prévenu que sa blessure pourrait évoluer éventuellement en tuberculose osseuse fatale. Il a donc décidé de séjourner quelque temps à Kinosaki. Il s'y retrouve seul, les idées confuses, la mémoire encore défaillante. Il lit, écrit, reste prostré sous la véranda de sa chambre ou bien Il va se promener. Au cours de ses flâneries dans la solitude des montagnes automnales, en proie à la mélancolie et aux pensées morbides il éprouve cependant une impression de calme, de plénitude. Il se demande sans effroi quand arrivera la mort et de quelle manière elle se manifestera. Sous l'auvent qui protège l'entrée de sa véranda, il observe le manège de grosses guêpes affairées du matin au soir qui s'envolent bruyamment mais un matin il découvre le cadavre de l'une d'elles les pattes rétractées, les antennes tordues sur les tuiles froides. Les autres volètent à côté indifférentes. le lendemain, la guêpe a disparu, balayée par la pluie. Alors qu'il se promène, il aperçoit des gens attroupés sur la berge de la rivière, ils crient et rient bruyamment. Un gros rat a été harponné de part en part puis jeté dans la rivière. Il se débat pour se hisser sur la rive tandis que des gamins lui jettent des pierres… Un autre soir le narrateur suit le même cours d'eau en amont. Dans la pénombre il distingue une salamandre au bord de l'eau. D'une main distraite et maladroite, il ramasse une pierre et la jette, la salamandre s'immobilise, morte.
La mort de la guêpe est naturelle. le narrateur contemple son cadavre, ressent alors quiétude et solitude. La mort du rat est violente, pleine de souffrances. Il s'identifie à lui. le rat ne peut pas se suicider comme l'homme. le narrateur réalise que la mort est rarement tranquille. Il fuit avant la fin car le spectacle est trop cruel. le rat reste seul. La mort de la salamandre fait écho aux précédentes. C'est une mort subite, violente et accidentelle dont il est responsable sans le vouloir, une mort absurde. Et Il fait alors le constat que vie et mort ne sont pas opposées mais côte à côte. La mort arrivera quand elle arrivera et il sait qu'auparavant il se battra pour sa survie.

Le Crime de Han :
Au cours de son numéro de lancer de couteaux, Han tranche la carotide de sa femme qui meurt sur le coup. Est-ce un accident ou un crime prémédité ? On suit les interrogatoires du juge d'instruction qui donnera son verdict à la fin. Cette petite enquête policière est d'une grande finesse psychologique.
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Deux nouvelles trop courtes, même si la seconde a un réel potentiel. Une lecture aussi vite lue qu'oubliée, et c'est bien dommage pour une première approche avec cet auteur.
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un matin, j’aperçus sur le toit une guêpe morte. Elle gisait là, les pattes ramassées sous elle, les antennes pendantes. Les autres n’y prêtaient aucune attention. Sans cesse, elles entraient et sortaient du nid, passant et repassant près de son cadavre, parfaitement indifférentes. Dans leurs allées et venues, dans leur tourbillonnement, ces insectes manifestaient avec puissance la vie qui les habitait. Elle, inerte, recroquevillée sur elle-même, à cet endroit où, matin, midi ou soir, se portait mon regard, donnait tout aussi intensément le sentiment de la mort.
Elle demeura ainsi trois jours. Je la contemplais et éprouvais une sensation de paix.
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Video de Shiga Naoya (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shiga Naoya
« […] Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) tenait cette nouvelle pour l'une des oeuvres les plus fortes de Shiga Naoya (1883-1971). […] Tout en usant de mots familiers réussir à donner une pareille sensation de transparence, voilà ce qui dans tout texte, à quelque genre qu'il appartienne, importe au plus haut point. […] Une telle forme d'écriture dédaigne la fleur pour obtenir le fruit : par la simplicité même, elle accède à l'essentiel comme aucun mode d'expression de la vie quotidienne ne le pourrait. […] » (Junichiro Tanizaki [1886-1965])
« […] Sa légèreté n'est qu'apparente. Elle recèle une puissance insoupçonnée. Ainsi de ces variations de Chopin, subtiles, presque imperceptibles, qui résonnent en nous, se propagent jusqu'au fond de nos entrailles comme la douleur d'une dent. […] » (Hideo Kobayashi [1902-1983])
« […] l'originalité de Shiga Naoya tient au fait que jamais dans aucune de ses nouvelles il ne se laisse aller à l'analyse psychologique de son personnage principal. Il le présente seulement comme un homme qui lutte pour essayer d'établir des relations humaines rationnelles dans le monde qui l'entoure. le personnage apparaît si profondément hanté par cette quête que Shiga Naoya ne s'attarde pas à une étude de son caractère. […] » (Sei Ito [1905-1969])
« […] En janvier 1913 paraît un premier recueil de nouvelles, dédié à sa grand-mère. le 5 août de cette même année, Shiga Naoya est renversé par un train de la ligne Yamanote. Il est grièvement blessé et doit se faire hospitaliser. Il écrit en septembre la nouvelle Han no hanzaï (Le crime de Han) puis, en octobre, part en convalescence à Kinosaki. […] L'une de ses plus belles nouvelles, Wakaï (Réconciliation) […] est publiée en 1917, peu de temps après Kinosaki nite (Le séjour à Kinosaki). […] »
17:55 - Générique
Référence bibliographique : Naoya Shiga, le séjour à Kinosaki suivi de le crime de Han, traduit par Pascal Hervieu et Alain Gouvret, Éditions Arfuyen, 1986
Image d'illustration : Autoportrait de Shiga Naoya daté de septembre 1912.
Bande sonore originale : P C III - O UT O UT by P C III is licensed under an Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/P_C_III/O_UT_1733/O_UT
#NaoyaShiga #LeSéjourÀKinosaki #LittératureJaponaise
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