L'ironie veut , dit-il, que toutes les religions n'aient qu'un but: la paix. Pourtant c'est au nom de la religion qu'il y a toujours eu tant d'agitation et de conflits, tant de sang versé, tant de victimes.
Pour le bien de l'humanité, les lieux de culte devraient être transformés en hôpitaux, en orphelinats et en universités.
Brandir la bannière de la religion s'est toujours révélé le moyen de réduire à néant les êtres humains aussi bien que l'esprit d'humanité.
Il se rappelle une des paroles de Karl Marx, une de celles qu'il préférait :
"La misère religieuse est à la fois expression de la misère réelle et la protestation contre cette misère réelle, c'est le soupir de la créature accablée, l'âme d'un monde sans âme. C'est l'opium du peuple..."
Il marmonne ces mots à mi-voix en traversant les rues animées de la ville.
Avant j'étais un bon garçon mais maintenant j'ai décidé de devenir fou. Il n'y a de satisfaction que pour les fous.
Suranjon parait condamné à remonter seul le courant du désespoir. La nuit tombe. Une vague de solitude le submerge. Il n'a rien ni personne. Rien ni personne sur qui s'appuyer. Il est étranger dans son propre pays.