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Citations sur Tandis que je me dénude (28)

Grande inspiration. Mon coeur cogne avec tant de frénésie que je crois mourir. Je suis peut-être en train de mourir, d'ailleurs. Poitrine tambour, résonances multiples, au rythme de pensées qui s'accélèrent.
Moi qui ai toujours préféré disparaître, dans la foule, sous une masse de vêtements, dans les angles, je vais me déshabiller sous les yeux d'une centaine de personnes. Pas envie qu'on me fixe : mieux vaut ne pas penser au million et demi de téléspectateurs qui suivent l'émission, dehors. Pis encore, au replay. Heureusement, mes élèves ignorent, ou quasi, ce qu'est la télévision. Et je suis différente, cheveux lâchés, en robe, du lycée où je porte des tenues strictes et un chignon. Je prie : à cette heure-ci, les drôles, mes djeuns, bavardent sur les réseaux.

Hélas, ce qu'on dit, ce qu'on filme, laisse une trace : ne pas anticiper les séquences potentielles reprises sur YouTube et Dailymotion.
Alors. Pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi es-tu là ?
L'Ombre en moi insuffle son puissant venin : le doute. Sa voix chuchote souvent à mon oreille, balançant ses idées dérangeantes avec son timbre un peu rauque de fumeuse, plantant des bulbes de folie que je piétine mais c'est comme du chiendent, dur de l'arracher. On recommence, on lutte pour ne gagner qu'un instant. Fatigant, n'est-ce pas ?
Ingrate.
Tu as raison, l'Ombre. Ayons de la reconnaissance pour ma présence ici, rares sont les auteurs qui jouissent de ce traitement de faveur. Une heure et demie d'émission pour écouter les invités, évoquer les problématiques de mon premier roman, répondre au Présentateur et à ses chroniqueurs, rire ; agir comme si le ton caustique de ce programme ne me hérissait pas, je suis de la bande. In.
Et : après le clap de fin, on trinque en loge. N'est-ce pas ?
Trinquer ?
Ce n'est pas ce qu'on va faire ?
C'est un mythe, trinquer une fois l'émission en boîte. Tu trinques, ma pauvre, avant, dans ta loge, seule pour te donner du courage, un peu honteuse d'avoir besoin de quelques degrés supplémentaires dans tes veines. Ou tu trinques au figuré sur le plateau, parce que rien ne se passe comme prévu.
On trinque rarement après, on s'en va et point, les lumières s'éteignent, ce n'était que de la télé, la vie reprend.
Allons, allons, détendons-nous. Bois un coup puisque ça te rassure, va pisser, remercie ta bonne étoile. La plupart des auteurs publient leurs livres dans une indifférence glaçante.
L'Ombre me prépare comme un champion de boxe sur le ring. Je me ressaisis.
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Tu es aux prises d'une toile, petit papillon, et une armée de prédateurs, Homard en proue, araignées en garde, chemine tranquillement vers toi en se pourléchant les crocs. Il fallait y penser, quand tu faisais semblant de ne vivre que pour la littérature, au point de nous pondre un roman.
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L'un de mes travers est de ne pas oser m'imposer. Rester discrète, à ma place, c'est cela qui soulage temporairement la malade timide en moi sans toutefois la satisfaire. Car je supporte mal qu'on ne me voie pas. Qu'on ne m'entende pas, d'autant que je suis incapable de couper la parole à qui que ce soit. Ainsi me voilà partagée, c'est mon petit drame sur lequel personne ne coulera une larme, entre mon désir de discrétion et de grâce (ne pas relever la faute ou l'erreur d'autrui fait partie de ma conception de l'élégance) et celui de m'imposer.
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Le ragot et la calomnie tuent comme des armes. La projection brutale d'un reflet de soi qu'on ne reconnait pas écornerait la confiance de n'importe qui. Quand la rumeur est particulièrement dégueulasse - et la jalousie en est souvent le ferment -, elle sape les fondements des identités fragiles comme solides.
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A cinq ans, je ne peux pas le nier, les corps m'intéressent. Je vois ceux des grands, différents du mien, de celui des enfants. Même côtoyant des adultes qui n'en font ni un tabou ni un mystère, les plus jeunes sont toujours intrigués par l'anatomie - curiosité dépourvu de désir.
...
...Mais la nudité est jugée, à travers les âges et quel que soit le degré de tolérance de mise, comme une forme de primarité impudique. Parce que la nudité c'est le sexe.La nudité n'est pas la norme. Tantôt elle choque, tantôt elle séduit : elle n'est pas et ne sera jamais banale.
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L'identité, ne serait-ce pas ce patchwork de dessins que les gens perçoivent de vous? Sauf que les gens , en fonction de leur propre trajectoire, mettent
en exergue certains traits, occultant le puzzle dans sa globalité.
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Notre mémoire, qui nous joue tant de tours, nous incite souvent, lorsqu'on est contredit, que l'on a peur, à nous abriter derrière les flous dont elle peuple nos réminiscences.
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Un prénom secret est le garant d'une familiarité moins accessible.
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